La patrie Serbe

LA PATRIE SERBE 239

brusque il se raïdit et part vers l'inconnu. Sous son pas énergique la neige craque, il va dans l'aurore. Le soleil jaillit par-dessus la montagne, mettant un éblouissement sur la splendeur du paysage. Bes stalactites pendues aux branches deviennent des gemmes aux facettes irisées. Auréolé par les nouveaux rayons qui mettent une teinte dorée sur son uniforme, le jeune Prince monte vers l’apothéose des cimes.

Un grand calme rempläça la tourmente déchainée | début du voyage. Des heures lumineuses posèrent leurs scintillements sur les frimas et les givres. Comme dans un décor d'opéra les lourdes tenturesamincies devinrent une gaze d'une extrême finesse qui lentement était bue par l’espace. Les silhouettes, de mieux en mieux détachées contre les fonds aux reflets d'opale, se précisaient. D'autres silhouettes émergeaient, plus lointaines encore, des buées dissipées. On distinguait les moindres détaïls de la face creuse, embroussaillée de barbe hirsule, des compagnons d'infortune traînant à quelques mètres leur misère, On pouvait compter les petits tumulus d’où sortaient un bras, un poing aussi décharné qu'un cep de vigne défeuillé. Les tas les plus gros représentaient des chevaux étirés sous leur suaire.

L'ascension continuait, læfpureté de l’air rendait les détails d’une netteté irritante, à peine de dernières dentelles flottaient sur le ciel bleu pâle. La neige séclairait davantage tandis qu'on escaladait le chemin abrupt. Au sommet cela devint un vertige de lumière. À perle de vue, une agglomération de ballons, de Pyramides, d’arètes. Crêtées de nacre, les vagues gigantesques assemblaient leur houle. Rien d'autre : la mer ondulée aux päleurs d’albâtre sous l’espace bleu. Une sorte de mince serpent (ordu sur la blancheur. Cette

Couleuvre si longue, si étroite, élait la procession des