La politique religieuse de la Révolution française : étude critique suivie de pièces justificatives

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de supprimer le christianisme et de faire du Matérialisme un nouveau culte sans prêtres ; elle transformait l'Eglise Notre-Dame en temple de la Raison pour y célébrer des fêtes tous les décadis. On lira plus loin (note XVIT) les dispositifs bizarres de son arrêté du 11 Frimaire.

I1 est juste de remarquer que la plupart des sectateurs du nouveau culte ne professaient pas ouvertement l’athéisme ; seuls Anarchasis Clootz et Sylvain Maréchal ne craignaient pas de dire toute leur pensée. Mais les tendances anti-spiritualistes des autres n’en sont pas moins évidentes, puisque, dans leurs manifestations oratoires, ils évitaient de prononcer le nom de Dieu. « La mort est un sommeil éternel », telle est l'inscription qu'ils faisaient mettre à la porte des cimetières (XVII) Hébert, il est vrai, repoussa « formellement » devant les Jacobins l'accusation d’athéisme, et se réclama du «sansculotte Jésus », mais ce ne fut que très tard (le 21 frimaire), après les sorties violentes de Robespierre contre les enragés : sans doute, une telle défense dût paraître peu sincère, car elle pouvait être taxée, sinon de palinodie, du moins de reniement intéressé.

Des prêtres indépendants et généreux qui n’avaient pas obéi aux suggestions intéressées des partisans de l’ancien régime, surent résister aussi à toutes les violences des Enragés. L’évêque Grégoire est le type de ces assermentés, qui,