La politique religieuse de la Révolution française : étude critique suivie de pièces justificatives

98 POLITIQUE RELIGIEUSE DE LA RÉVOLUTION

Le décret de Frimaire ne fut guère respecté, et, au milieu de 1794, il y avait à peine dans toute la France 150 communes où la messe fut publiquement célébrée. En somme, tant que dura cette période terrible, tout français put craindre d'être « suspect » : on l’était aux yeux des Hébertistes, si l’on parlait seulement de tolérance religieuse, on l'était aux yeux des Jacobins purs, si l’on restait froid devant les déclamations mystiques de Robespierre !

Dans la politique religieuse de cette époque, on doit donc distinguer deux courants absolument contraires : d’un côté le matérialisme plus ou moins avoué de Chaumette et de la Commune de Paris, de l’autre le déisme étroit de Robespierre.

Le mouvement irreligieux de 1794 n'est pas seulement condamnable à cause des moyens iniques qui le caractérisent ; il présente en outre une grave erreur de système: en voulant imposer le matérialisme, en fondant un culte nouveau et en lui consacrant des temples, les hébertistes tendent, eux aussi, à créer un dogme officiel et à violenter les consciences. Ils ont une église, sans dieu, il est vrai, et ils veulent, tout comme certains catholiques, qu'on y entre par force. Ce n’est pas en s’attaquant aux images ou objets religieux, et en détruisant la libérté, qu’on peut éclairer un peuple.

- Quant à Robespierre, s’il combat les parti-