La politique religieuse de la Révolution française : étude critique suivie de pièces justificatives

LA TERREUR : 99

sans du culte de la Raison, c’est pour instituer à son tour le « culte de l'Etre suprême », dont il sera le grand pontife. Il veut laisser la liberté aux catholiques, mais il fait du déisme une sorte de religion d'état. Il se débarrasse d’abord des hébertistes, puis de Clootz et Chaumette ; il peut alors poursuivre l'exécution de ses projets religieux. Son grand discours du 20 Prairial an CII (7 mai 1794), contient un dithyrambe curieux en l'honneur de la Divinité : « L'idée de l'Etre suprême et de l'immortalité de l'âme, s’écrie-t-il, est un rappel continuel de la justice, elle est donc sociale et républicaine ! » Puis il condamne le matérialisme, auquel on doit « cette espèce de philosophie pratique, qui réduit l'égoisme en système ». Enfin il s'élève cette fois contre la domination des prêtres, et, sans toucher à la liberté des cultes, il fait décréter par la Convention que :

« Le peuple français reconnaît l'existence de l'Etre suprême et de l’immortalité de lâme ».

Robespierre organise le nouveau culte, et, le 18 juin, à la tête de la Convention, dont beaucoup de membres le maudissent, il célèbre avec pompe la fête de l’Etre suprême.

Les deux cultes de la Raison et de l’Etre suprême avaient été d'inspiration bien différente. Néanmoins, dans la pratique, la foule qui est simpliste, vint à les confondre, et généralement les mêmes temples virent célébrer à la fois,

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