La politique religieuse de la Révolution française : étude critique suivie de pièces justificatives

LÉ DIRECTOIRE 423

République pensa dès lors à renverser la papauté et envoya à Bonaparte des instructions sévères : j

« Vous êtes trop habitué à la politique, écrivait-il, pour n'avoir pas senti, aussi bien que nous, que la religion romaine sera toujours l’ennemie irréconciliable de la République, d’abord par son essence, et ensuite parce que ses serviteurs et ses ministres ne lui pardonneront jamais les coups qu'elle a portés à la fortune et au crédit des uns, aux préjugés et aux habitudes des autres. Le Directoire vous invite à faire tout ce qui vous sera possible, sans rallumer le flambeau du fanatisme, pour détruire le gouvernement papal, soit en mettant Rome sous une autre puissance, soit, ce qui serait mieux encore, en établissant une forme de gouvernement intérieur qui rendrait méprisable et odieux le joug des prêtres ».

Mais Bonaparte ne suivait que mollement les instructions du Directoire : il se contenta d’obtenir une indemnité de guerre et la cession d’une partie des Etats du pape (1), ainsi que la renonciation des prétendus droits du Saint-Siège sur Avignon. Ce fut le traité de Tolentino, signé le 1er Ventôse an V (19 février 1797).

De nouveaux événements consommèrent la ruine de la puissance temporelle du pape. Moins d’un an après le traité de Tolentino, des rixes

(1) Ces territoires furent réunis à la République cisaipine. 42