La politique religieuse de la Révolution française : étude critique suivie de pièces justificatives

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éclataient à Rome entre les troupes pontificales et les démocrates ; ceux-ci s'étant réfugiés dans le palais de l'ambassadeur de France, le général Duphot, plénipotentiaire de la République, fut lâchement assassiné par les soldats du pape. Alors le Directoire tira une vengeance éclatante de cette odieuse violation du droit des gens : il ordonna au général Berthier de marcher sur Rome. Ainsi s’achevait le dernier acte de la lutte entre Pie VI et la Révolution. Au moment où le drapeau tricolore flottait sur le château Saint-Ange, et où Berthier accueilli comme un triomphateur montait au Capitole, le pape fut pressé d’abdiquer. son pouvoir temporel ; Pie VI répondit avec dignité qu'il avait reçu son autorité comme un dépôt de la succession des apôtres et qu’il ne pouvait lui-même s'en dépouiller.

La République romaine n’en fut pas moins proclamée (27 Pluviôse an VI-15 février 1798), et Pie VI, prisonnier de la France, fut conduit à Pise. Enfermé ensuite dans la citadelle de Valence, il y mourut l’année suiv ante, =

. La date du 15 février 1798 doit être retenue comme une des plus importantes de l'Histoire moderne : la destruction du pouvoir temporel des papes valait plus en effet pour la Révolution qu'une grande victoire militaire. La pensée libre triomphait jusque dans la ville célèbre qui avait été si longtemps le repaire du fanatisme, et ce fait portait en Jui- même une haute signification morale. É.