La politique religieuse de la Révolution française : étude critique suivie de pièces justificatives

LA RÉACTION ET LA DÉFENSE RÉPUBLICAINE 134

chent aux idées religieuses les êtres habitués à s’en nourrir. Ce sont elles qui leur assurent des jouissances indépendantes du pouvoir des hommes et des coups du sort. Leur besoin est surtout senti parmi les peuples en révolution ; alors il faut surtout aux malheureux lespérance ; elles en font luire un rayon dans l'asile de la douleur ; elles éclairent même la nuit du tombeau. Législateurs, que sont vos bienfaits, auprès de ce bienfait immense ? »

Depuis longtemps, on n’avait entendu de tels accents d’éloquence religieuse. Après cet exorde, Camille Jordan réclamait la liberté pour tous les cultes, et il s’expliquait sur ce qu’il entendait par ce mot de liberté : il demandait non seulement le droit pour les citoyens d'acheter ou. de louer des temples, mais il voulait aussi pour les prêtres le droit de rétablir les signes extérieurs du culte et de convoquer les fidèles à son de cloche : \ RE

« Quelle serait donc, disait-il, cette superstition philosophique qui nous préviendrait contre des cloches, à peu près comme une superstition populaire y attache les femmes de nos villages ?»

Puis, après une tirade contre les sectateurs de Chaumette, Camille Jordan terminait son discours par une adroite péroraison :

« Vous réaliserez l’antique vœu de la philosophie ; vous donnerez au monde le spectacle d’un grand empire, où tous les cultes peuvent