La politique religieuse de la Révolution française : étude critique suivie de pièces justificatives

154 POLITIQUE RELIGIEUSE DE LA RÉVOLUTION

la Constitution civile est fondée, ne peut être exempt de la note d'hérésie, car c’est ainsi que s'exprime le Concile : « … les saintes écritures déclarent que la puissance ecclésiastique est indépendante de la puissance civile, qu’elle est fondée sur le droit divin, qui l’autorise à établir des lois pour le salut des fidèles, à punir les rebelles par des censures légitimes. Les mêmes écritures enseignent que la puissance de l'Eglise est, par la fin qu’elle se propose, d’un ordre supérieur à celui de la puissance temporelle, et en cela plus digne de nos respects... »

« En effet, quelle juridiction les laïques peuventils avoir sur les choses spirituelles ? De quel droit les ecclésiastiques seraient-ils soumis à leurs décrets ? Il n'y a point de catholiques qui puissent ignorer que Jésus- Christ, en instituant son église, a donné aux apôtres et à leurs successeurs une puissance indépendante de toute autre.

« Les saints conciles tiennent tous le même langage ; et tous les monarques français ont reconnu et adopté cette doctrine jusqu’à Louis XV, aïeul du roi régnant, lequel déclarait solennellement, le 10 août 1731, qu'il reconnaissait « comme son premier devoir d'empêcher qu’à l'occasion des disputes, on ne mette en question les droits sacrés d’une puissance qui a reçu de Dieu seul le droit de décider les questions de doctrine sur la foi, ou sur la règle des mœurs, de faire des canons ou des règles de discipline pour la conduite des ministres de l'Eglise et des fidèles dans l’ordre de la religion, d'établir ses ministres ou les destituer conformément aux mêmes règles, et de se faire obéir en imposant aux fidèles suivant l'ordre canonique, non seulement des pénitences salutaires, mais de véritables peines spirituelles, par les jugements ou les censures que les premiers pasteurs ont le droit de prononcer », |