La politique religieuse de la Révolution française : étude critique suivie de pièces justificatives

456 POLITIQUE RELIGIEUSE DE LA RÉVOLUTION

désobéissance l’eût rendu coupable ne lui imposa-t-il pes de nouvelles obligations par l’organe de Moïse ? Et quoiqu'il eût laissé à son libre arbitre le pouvoir de se déterminer pour le bien ou pour le mal, ne lenvironna-t-il pas de préceptes et de commandements qui pouvaient le sauver, s’il voulait les accomplir . :

« Où est donc cette liberté de penser et d'agir que l'Assemblée nationale accorde à l'homme social comme un droit imprescriptible de la nature ? Ce droit chimérique n'est-il pas contraire aux droits du Créateur suprême à qui nous devons l'existence et tout ce que nous possédons ? Peut-on d’abord ignorer que l’homme n’a pas été créé pour lui seul, mais pour être utile à ses semblables ? Car telle est la faiblesse de la nature que les hommes, pour se conserver, ont besoin de secours mutuel les uns des autres ; et voilà pourquoi Dieu leur a donné la raison et l’usage de la parole, pour les mettre en état de réclamer l'assistance d'autrui, et de secourir à leur tour ceux qui imploraient leur appui. C’est donc la nature elle-même qui a rapproché les hommes et les a réunis en société ; en outre, puisque l'usage que l'homme doit faire de sa raison consiste essentiellement à reconnaître son souverain auteur, à l’honorer, à l’admirer, à lui rapporter sa personne et tout son être ; puisque dès son enfance il faut qu'il soit soumis à ceux qui ont sur lui la supériorité de l’âge ; qu'il se laisse gouverner et instruire par leurs leçons ; qu'il apprenne d'eux à régler sa vie d’après les lois de la raison, de la société et de la religion ; cette égalité, cette liberté si vantée ne sont donc pour lui, dès le moment de sa naissance, que des chimères et des mots vides de sens. Soyez soumis par la nécessité, dit l’apôtre St-Paul : ainsi les hommes n’ont pu se rassembler et former une