La politique religieuse de la Révolution française : étude critique suivie de pièces justificatives

A8POLITIQUE RELIGIEUSE DE LA RÉVOLUTION

légitimes, notre intention n'est pas d'attaquer les nouvelles lois civiles auxquelles le roi a pu donner son consentement, comme n'ayant de rapport qu'au gouvernement temporel dont il est chargé : nous n'avons point pour but, en rappelant ces maximes, de provoquer le rétablissement du régime ancien de la France : le supposer, serait renouveler une calomnie qu’on n'a affecté jusqu'ici de répandre que pour rendre la religion odieuse ; nous ne cherchons vous et moi, nous ne travaillons qu'à préserver de toute atteinte les droits sacrés de l'Eglise et du siège apostolique. C'est dans cette vue que nous allons envisager ici la liberté sous un autre rapport, et faire sentir la différence qui se trouve entre les peuples étrangers à l'Eglise, tels que les infidèles et les juifs, et ceux que la régénération du baptême a soumis à ses lois.

Les premiers ne doivent pas être assujettis à l’obéissance prescrite aux catholiques ; mais pour les seconds elle est un devoir. St-Thomas d'Aquin prouve cette différence avec sa solidité ordinaire, Plusieurs siècles auparavant, elle avait été établie par Tertulien dans son ouvrage contre les Gnostiques, et Benoît XIV l’a reconnue il y a quelques années dans son Traité de la béatification et de la canonisation ; mais personne n’a mieux développé ce raisonnement que St-Augustin, dans deux célèbres épitres souvent imprimées, l’une à Vincent, évêque de Cartenne ; l’autre au comte Boniface où il réfute victorieusement les hérétiques tant anciens que modernes. Cette égalité, cette liberté si exaltées par l’Assemblée nationale n'aboutissent donc qu'à renverser la religion catholique, et voilà pourquoi elle a refusé de la déclarer « dominante » dans le royaume, quoique ce titre lui ait toujours appartenu ».