La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

318 LA PREMIÈRE COMMUNE RÉVOLUTIONNAIRE DE PARIS

de soumettre l’emploi de la force aux réquisitions des administrations départementales; elle continue le système de la Constituante, avec lequel on n’est jamais sûr que les réquisitions les plus justifiées seront faites, jamais sûr que les troubles les plus grands seront réprimés. Il aurait fallu mettre à la tête des troupes un représentant du pouvoir national, un agent éloigné et libre des populations à contenir, sinon un ministre, quelque chose comme un sous-ministre, avec plein pouvoir d'agir sous sa responsabilité, à la condition unique d'informer à chaque instant l'Assemblée de sa conduite.

La Convention, évidemment, s’est laissé impressionner par une opinion des Montagnards (d’ailleurs partagée par pas mal de Girondins); elle croit qu’un grand apaisement se fera, quand elle aura déclaré hautement sa volonté de pousser activement le procès du roi. C'était, je crois, une erreur. Quand le populaire demande avec chaleur un procès, ce qu'il demande, ce qu'il veut en réalité, c’est une condamnation : Autrement, non. Or il est douteux que le peuple des campagnes, à cette date, fût devenu anti-royaliste au point de désirer vivement la mort de Louis XVI. Les foules qui couraient les campagnes étaient plutôt, selon les commissaires de l’Assemblée, des foules catholiques, émues par la peur de se-voir enlever leurs prêtres, ou des foules qui écoutaient les suggestions des aristocrates. Il n’était pas probable que ces hommes fussent irrités et soulevés parce qu’on différait de juger le ci-devant roi.

Examinons un peu les faits. D'abord il n’y a pas manque réel de graines, là-dessus tout le monde gouvernemental, tous les partis, sont d'accord. Malgré cela, le peuple craint la disette ou la cherté, ou plutôt l’une et l’autre. Il n’est pas sans crainte de la disette; et il a conçu la volonté d'obtenir le pain à bon marché. C’est pourquoi chaque contrée d’abord retient chez elle les grains qu’elle a, et de plus retient ce qui passe chez elle pour aller ailleurs, et ainsi arrête, empêche