La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

382 LA PREMIÈRE COMMUNE RÉVOLUTIONNAIRE DE PARIS

force n’appuyait, congédier la Commune; on s'étonne qu'elle | ait manqué de clairvoyance ou d'énergie au point de différer si longtemps ce geste salutaire, et sans péril.

Le 2 décembre la nouvelle municipalité vint prendre la place de l’ancienne; la scène ne se passa pas sans que l’ancienne laissât éclater en plusieurs manières sa mauvaise humeur. Il semble donc que, jusqu'à sa dernière heure, cette Commune ait espéré un incident qui la sauverait, et qu’elle ait compté sur Santerre pour produire l'incident, mais Santerre trompa ses espérances; il vint assister à l'installation des nouveaux élus, se porta garant de leur républicanisme et, par quelques mots significatifs, fit comprendre aux membres du Conseil dépossédé qu’il n’était pas homme à soutenir une entreprise illégale quelconque — quand cette entreprise n'avait pas pour elle des chances évidentes de succès.

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La première Commune révolutionnaire de Paris avait vécu. Cette victoire, d’ailleurs éphémère, de l'Assemblée nationale sur une Commune en état constant de rébellion ne fut pas le triomphe d’un parti parlementaire, sur un autre, le triomphe des Girondins sur les Montagnards. Des historiens se sont eflorcés de nous présenter les choses sous cet aspect; ils avaient leurs raisons pour cela: désireux d’innocenter absolument la Commune de Paris, ils comprirent bien qu'il était difficile de défendre ouvertement la conduite d’un corps qui s'était dressé contre la représentation de la France, mais qu'ils pourraient peut-être arriver à cette fin, en présentant cette rébellion comme l'accident secondaire d'une lutte entre deux partis au sein de l’Assemblée nationale. Ils mirent donc en relief la lutte parlementaire, elfacèrent et