La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales
28 LA PREMIÈRE COMMUNE RÉVOLUTIONNAIRE DE PARIS
martiale, c’est-à-dire un tribunal de militaires. La proposition est adoptée tout de suite par l’Assemblée.
Quelle fut la pensée intime de Delacroix, celle de l’Assemblée? Eurent-ils l'espoir que des juges militaires, convaincus pour leur propre compte que les militaires n’ont en aucun cas à discuter les ordres qu'ils reçoivent, mais à les exécuter passivement, absoudraient soldats et officiers? C'était beaucoup attendre du courage de ces juges. Mais il était raisonnable d'espérer qu'ils innocenteraient tout au moins les soldats: peut-être même les officiers subalternes. Quoi qu'il en soit, l'épreuve ne devait pas avoir lieu.
À la Commune, quelques hommes, et en tout cas un homme qui tout à l’heure va entrer en scène, veillaient sur ce qu'ils appelaient la vengeance du peuple etentendaient bien empêcher députés et juges militaires d’en réduire l'étendue.
Le 13 août, la Commune fait savoir à l’Assemblée législative qu'on discute chez elle la question de la cour martiale et que, très prochainement, « ses commissaires se présenteront à l’Assemblée législative pour concerter avec les commis saires de l’Assemblée les détails de cette organisation ». Les députés, un peu informés de ce qui se passe au Conseil général de la Commune, peuvent pressentir déjà que la Commune prépare des objections contre le projet de la cour martiale. D'ailleurs voici, le même jour, une députation de la Commune qui ne laisse pas de doute à cet égard.
L’orateur de cette ambassade s'exprime ainsi :
« Nous venons vers vous pour demander le décret sur la cour martiale. S'il n’est pas rendu, notre mission est de l'attendre! »
Ainsi la Commune demande que l'assemblée, séance tenante, lui offre un plan d'organisation complet sur la cour martiale. La demande a un caractère si évident de sommation qu'un député se récrie d’abord sur la forme. Gaston (un futur montagnard, et un futur commissaire aux armées et des plus énergiques) fait observer à l’orateur de là Commune l'incon-