La première histoire des guerres de la Vendée : essais historiques et politiques sur la Vendée du Chevalier de Solilhac

92 LA PREMIÈRE HISTOIRE DES GUERRES DE LA VENDÉE

dia aussitôt à lord Elgin (1) ; lord Elgin l’adressa à son tour, avec des dépêches, au duc d’York, qui l’envoya en Angleterre près du fameux comte de Puisaye. C'était dans les derniers jours de 1793.

En se rendant à Londres, Solilhac se proposait de servir encore la cause vendéenne, à laquelle il demeurait toujours fidèle.

Pendant cette première période de la guerre, il avait été au courant des négociations entamées par les chefs vendéens avec le gouvernement anglais, en juillet 1793, à Cholet, par l’entremise de la Gaudinière (2), poursuivies en août à la Boulaye (3) par celle de Tinténiac. et, plus tard, à Chantonnay, par celle de d’Angely, et jusqu’à Granville et Do] par divers émissaires des Princes : il mit son zèle à hâter les secours promis et attendus d'Angleterre. Personne n’était plus que lui apte à renseigner le gouvernement anglais sur les origines, les phases, le caractère et les conditions de la guerre en Vendée, et c’est à cette occasion qu’il écrivit, sur la demande de Dundas, sous-secrétaire d'État au Home-Office, le premier récit connu de la guerre de Vendée, que nous publions aujourd'hui pour la première fois, sous le titre d'Æssais historiques et politiques sur la Vendée. Il nous dit lui-même, et tout permet de le croire, que l'effet en fut « d'obtenir des secours pour les royalistes ». Le moment paraissait pourtant bien inopportun pour l'obtention de secours : les bruits les plus pessimistes couraient sur le sort de l’armée vendéenne; on la disait totalement détruite. Il y avait ainsi une sorte d’audace à présenter encore la Vendée comme une alliée pleine de ressources et de vaillance. Mais Solilhac, qui la connaissait bien, répondait fièrement à ces bruits en terminant : « Je n’emploierai qu’un mot pour réfuter « les papiers patriotes qui parlent de notre destruction totale:

(1) Elgin (Thomas Bruce, comte de Kincordine et d’}, diplomate anglais, né en Écosse en 1766, mort à Paris en 4841. C'est à lui qu'est dù l'acte de vandalisme qui valut à l'Angleterre les frises du Parthénon, déposées au British Muséum et connues sous le nom de Marbres d'Elyin.

(2) Que Mwe de Larochejaquelein appelle de {a Godellière.

(3) La Boulaye, château sur la commune de Treize-Vents (Vendée).