La première histoire des guerres de la Vendée : essais historiques et politiques sur la Vendée du Chevalier de Solilhac

LA PREMIÈRE HISTOIRE DES GUERRES DE LA VENDÉE 95

« Cormatin m'interrompit brusquement, en me disant avec une exclamation :

« F..... Beauvais, vous mettez le feu aux étoupes!

«F...., Monsieur, lui répondis-je, on n’en peut trop brûler quand c’est pour le Roi! »

«Pendant cette discussion, la promenade se continuait, et quand on fut au bout de l’allée, au lieu de retourner, je pris du côté de la porte vitrée pour sortir du jardin, au grand mécontentement de Cormatin qui fut obligé de nous suivre.

« Avant de monter le peu de marches qu'il y a, je pris Solilhac par le bras, lui répétant avec l’expression du plus vif intérêt ce que je lui avais déjà dit.

« À peine arrivé dans Le salon, j’ouvris une porte à droite et le fis entrer. C'était la chambre où Stofflet était en conseil.

« Solilhac répéta avec franchise tout ce qu’il avait dit dans le jardin, ce qui produisit le plus grand effet. Cormatin était aussi entré et eut l’humiliation de recevoir en personne un démenti public.

« Stofflet lui dit qu’au surplus il eût à montrer ses pouvoirs; il balbutia et ne montra rien »

L'effet fut que, quelques jours plus tard, Stofflet monta à cheval : « À cheval, cavaliers! cria-t-il et, le chapeau à la main au-dessus de sa tête : « Vive le Roï! » Les cavaliers fidèles répétèrent : « Vive le Roi! Vive Stofflet! et s’éloignèrent en présence d’une foule d’officiers et de soldats républicains accourus par curiosité au quartier général royaliste (1). »

Sans doute, Solilhac avait cru devoir, par amour du bien général, souscrire personnellement à la paix de la Jaunaie, sans engager pour cela les royalistes de la Bretagne. Cependant, il prépara la paix pour ce pays, en obtenant avec Cormatin, des Réprésentants du peuple, un arrêté supplémentaire (le sixième) par lequel le bénéfice des cinq premiers accordés aux Vendéens était appliqué « aux Chouans qui se soumettraient aux lois de la République et promettraient de ne jamais porter les armes contre elle » (2); et, le 19 avril 1795,äl adhéra au traité

(1) Beauvais, p. 334-356. (2) Savary, t. IV, p. 345.