La première histoire des guerres de la Vendée : essais historiques et politiques sur la Vendée du Chevalier de Solilhac

500 LA PREMIÈRE HISTOIRE DES GUERRES DE LA VENDÉE

l'inaction (1): l'ennemi était en plaine, retranché, avec une cavalerie à laquelle nous n'avions rien à opposer et une artillerie parfaitement servie; il fallait avoir recours à la ruse pour cacher notre marche. :

Nous laissàmes en présence M. De Rouaran avec 6.000 hommes de mauvaises troupes (2), et avec le reste de l’armée nous attaquâmes l’ennemi par l'endroit où il devait naturellement ménager sa retraite. Quoique surpris, les républicains ne s’en battirent pas avec moins de courage ; en vain leur cavallerie chercha à nous entamer, leur artillerie n'eut pas plus d'effet; le combat fut très vif jusqu’à la nuit dont l’ennemi profita pour nous cacher sa fuite, äbandonnant son camp, ses bagages, ses canons et vingt milliers de poudre.

Ce fut sur ces entrefaites qu'arriva à Nantes la garnison de Mayence; réunie à celle de Nantes, elle attaqua vivement MM. Charette et La Castelinière (3) sur plusieurs points et finit par envahir leur païs et les forcer de se retirer sur Tifoges (4)

* Je ne donnerai de détails sur l’armée Charette que dans les circonstances où elle se trouvera réunie à celle que M. D'Elbée commandait en personne et à laquelle j'étais attaché.

D'un autre côté, l'ennemi s’était montré à Brissac, avait été battu par M. de La Roche Jaquelin, qui l'avait été à son tour à Doué : 30.000 hommes dont 15.000 païsans étaient rentrés dans

(4) La dispersion des rassemblements après le combat était la plaie de l’armée : chacun rentrait chez soi « pour changer de linge et se rafraîchir ». (Lettre du Comité de Cholet, Archives Nationales DXLIF, 31). Comment discipliner ces volontaires ? Solilhac cite ici un des rares faits, peut-être l'unique, de permanence de l'armée devant l'ennemi; huit jours, dit-il, et il était temps d'en finir. Beauvais, qui rapporte également ce fait, dit quinze jours; et il s’en montre justement fier. (Beauvais, p. 102).

(2) Le souvenir de la déroute de Luçon, où l’armée du Centre venait de compromettre sa réputation, était encore trop cuisant pour être oublié, Gependant les mauvaises troupes de M. de Royrand avaient rendu d’inappréciables services à la Vendée. Après la victoire du 19 mars, la solide organisation du camp de l'Oie avait résisté aux attaques de la division de Luçon et arrêté les tentatives d’invasion par le Midi. L'armée du Centre fit bonne contenance à la bataille de Ghantonnay où la victoire fut le résultat d’une manœuvre bien conçue et bien conduite. « Ce fut, dit Jomini (Guerres de la Révolution), Vexpédition la plus remarquable que le généralissime d’Elbée ait dirigée. »

(3) La Cathelinière, commandant du Port-Saint-Père, au pays de Retz.

(4) Tiffauges.