La première histoire des guerres de la Vendée : essais historiques et politiques sur la Vendée du Chevalier de Solilhac
784 LA PREMIÈRE HISTOIRE DES GUERRES DE LA VENDÉE
que toutes superbes n’ont servi qu’à prolonger notre existence. L'armée la mieux approvisionnée et la plus aguerrie, n’aurait pu tenir aux fatigues que la nôtre a essuyées depuis trois mois. Se battant tous les jours, elle n’eut jamais de munitions de guerre que celles qu’elle a prises à l'ennemi; sur un païs qui devait nécessairement désirer sa destruction, puisque sans vivres et sans argent elle était vraiment un fléau pour les contrées qu’elle parcourait, elle est venue à bout de se maintenir avec les plus grands succès.
Qu'aurait-elle donc fait, si elle avait eu des vivres, des derrières et une armée d'observation ?
On voit que le siège de Granville et celui d'Angers ont manqué faute de pièces de sièges et d'officiers de génie (1) et d’artillerie, car nous en sommes absolument dépourvus ; d’ailleurs un grand deffaut dans nos gens c’est que, très impétueux dans l’attaque, ils finissaient par s’ennuyer du combat (?) et s’en éloignaient faute de vivres.
Jusqu'ici son seul courage a soutenu notre armée, dévouée à mourir ou à faire triompher la cause qu’elle a embrassée.
Elle ne capitulera jamais avec ses ennemis et, tant qu’elle conservera quatre soldats rassemblés, elle fera la guerre à la République.
Invincible si elle est secourue, ses succès même ne serviront qu’à la ruiner si elle est abandonnée ; et cette armée finira par périr, victime de son dévouement à la bonne cause si les puis-
de blessés qui embarrassaient sa marche. Le conseil avait même pensé à les faire embarquer pour l'Angleterre.
(t Ily en avait un, d'Obenheim, traître et espion de la Convention, qui trompa le Conseil sur les défenses de Granville. Mémoire par le Cre d'Obenheim publié par Baguenier Desormeaux.
(2) «Nos gens finissaient par s’ennuyer du combat », c'est-à-dire que l'onne pouvait retenir le soldat vendéen, pas plus après la victoire qu'après l'échec. L'initiative personnelle est une des belles qualités du soldat; c’est, comme dit Solilhac qui a bien le sens militaire, un défaut lorsqu'elle n’a pas le contrepoids de la discipline et de l'instruction. Les conséquences en sont connues, et la preuve de l'infériorité des armées improvisées est faite (4). Le soldat vendéen n’a pas eu de pire ennemi que lui-même.
(a) René Blachez, Bonchamps. Voir l’ANALOGIE AVEC LA GUERRE DU TRANSyAAL Avant-propos, p. 1v.