La Presse libre selon les principes de 1789

140 LA PRESSE moins mauvaise, puisqu'elle repousse jusqu'à l'idée que les écrivains puissent être jugés sans jury, ni publicité, leur invente même, par surcroît de précautions, un jury spécial, lettré, capable de les . comprendre; — puisqu'elle ne reconnait au pouvoir aucune ingérence dans l'expression de la pensée du citoyen, n’admet pas plus l'autorisation préalable que la censure officieuse ou officielle, que lavertissement , la suspension ou la suppression admi_nistratives et judiciaires ; — puisque, établissant que le commerce des imprimés doit être encouragé et non entravé, elle oublie et le cautionnement et le timbre, inventions fiscales , réservées à des époques de corruption sociale, comme le Directoire, ou de réaction royaliste, comme les premières années de la Restauration.

Et cependant, dès que le rapport Sieyès eut été publié, aucun journal n’osa l’approuver ouvertement. Pendant que les feuilles réactionnaires Pattaquaient très violemment à cause de son libéralisme, les organes de la démocratie le traitaient avec mépris, avec colère, comme le prélude des mesures les plus tyranniques.

« Naguère, écrivait Loustalot, l’abbé Sieyès donnait des espérances ; jusqu'à ce qu’il ait expié ce projet liberticide, l'opinion publique range labbé