La Presse libre selon les principes de 1789

LIBRE. 111 Sieyès parmi les citoyens plus que douteux. »

Les Révolutions de Paris avaient raison : un peu plus tôt, un peu plus tard, sinon du temps de la Convention, au moins à l’époque du Directoire , l'abbé Sieyès, l'un des premiers révolutionnaires, devait devenir l’un des premiers réactionnaires et démentir tout le bien qu'il avait dit de la presse, se ranger parmi ceux qui lui firent le plus de mal, par peur, quand il était lui-même membre du gouvernement de la République, par servilité, par intérêt, plus tard, sous l'Empire...

Hélas ! e’est en vain que, depuis plus de soixantedix ans, les historiens honnêtes ont flétri cent et cent abbés Sieyès. Il en renaît toujours, qui toujours trouvent moyen de vendre leur insolente incorruptibilité. Grâce à ce miracle, l’abjuration est devenue vertuyle mensonge véritéirréfutable; et tel qui, sous l’autre règne, voulait briser les chaînes dela presse, les rive aujourd'hui avecle même zèle, avec le même succès. Les hommes sans mémoireontce bonheur qu’à force d'oublier eux-mêmes ce qu’ils ont pensé, ce qu'ils ont fait, ce qu'ils ont été, ils le font presque oublier aux autres...

« [y a, s'écriait Camille Desmoulins dans les Révolutions de France et de Brabant, à y à un mot charmant d'Octave. Un abbé Sieyès de ce temps-là