La Presse libre selon les principes de 1789

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vint un matin lui dire à son lever que la liberté de la presse dégénérait en licence; que ceux qui parlaient de l'Empereur avec irrévérence devaient être châtiés. Auguste était un tyran et de la première espèce; mais, soit qu'un ample déjeûner, arrosé de Falerne, l’eût disposé à dire la vérité, soit qu’en cé moment il sortit des bras de Livie, qu'il avait enlevée à son mari, ou de ceux de Julie, sa fille, faisant un retour sur lui-même : « En vérité, dit-il, mon cher abbé Sicyès, quand je pense que je suis une personne sacrée et inviolable, et que j'ai la licence de tout faire, il me semble que je puis passer à M. Marat et à M. Prudhomme la licence de tout dire. »

On comprend que si les journaux démocratiques représentaient l'opinion publique, il était difficile à Ja Constituante de donner suite à la réglementation de la presse. Mais est-ce simplement à cause des vives attaques dont il fut l’objet, que la grande Assemblée qui a proclamé «les immortels principes de 1789, » ne daigna pas prendre en considération le projet Sieyès? Est-ce parce que l'institution du jury n’était point encore discutée et devait l'être, selon elle, avant tout essai de définition des vagues délits qui peuvent être commis au moyen de l’imprimerie? Est-ce encore par ce que les articles présentés par le comité de Constitution , repoussés de