La Presse libre selon les principes de 1789

132 LA PRESSE

commune , assigne l'Orateur du Peuple à comparaître devant le bureau de la ville, et la municipalité ose faire exécuter l'arrêté de prise de corps que ce bureau a décerné contre Fréron. Une visite domiciliaire est opérée chez l’imprimeur de l'An du Peuple, menacé de cent livres d'amende s'il ne désigne la retraite de Marat, toujours fugitif.

Les protestations sont vives, sans doute, de la part de la presse patriote; mais, pour la première fois, elles ne sont pas unanimes. Est-ce la peur qui fait taire plusieurs de ceux qui déployaient naguère le plus de zèle dans la défense du droit absolu ? et si quelques autres élèvent la voix en faveur de là commune et du Châtelet, réclament, eux aussi, une loi contre les libellistes trop audacieux , n'est-ce pas parce que l’on a payésuffisamment l’altération de leur opinion?

Ce bruit est tellement répandu que Marat, Desmoulins et Fréron ne sont pas seuls à dénoncer « les faux frères. » Loustalot, dont la modération est restée à l'abri de toule poursuite, croit devoir se joindre à eux.

— « Si la liberté de la presse, s’écrie-t-il, pouvait eæister dans un pays où le despotisme le plus absolu réunit dans une seule main tous les pouvoirs, elle suffirait seule pour faire contre-poids. Cette maxime