La Presse libre selon les principes de 1789

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armés de pistolets, de sabres et de marteaux, se porte chez Gorsas, chez Fiévée et quelques autres publicistes, enfonce les portes, rompt les casses, disperse les caractères d'imprimerie, commence même à mettre le feu aux papiers, aux maisons. (Nuit du 9 au 10 mars.)

Quelle feuille est la première à s’indigner de cet attentat? Une des plus ardentes, les Révolutions de Paris.

Depuis les exploits de la garde bourgeoise en juillet 1791, Prudhomme avait inscrit sur le titre de chacun de ses numéros : LA LIBERTÉ DE LA PRESSE OÙ LA MORT.

En mars 1773, fidèle à sa devise, sans s'inquiéter si sa colère retombe sur ses amis ou ses ennemis ordinaires, il s’écrie :

« Sachez qu’il n’est pas au pouvoir de la Convention, ni du Comité de sûreté générale, ni du Comité soi-disant révolutionnaire, de réduire la République à n’avoir d’autres journaux que le Bulletin... Jadis on condamnait au feu l’incendiaire d'une grange, d’une meule de blé; le brigand qui ravage une imprimerie est bien plus coupable encore. »

Chose étrange ! Les violences populaires avaient tourné contre la presse, et ce fut à presse que Fon