La Presse libre selon les principes de 1789
28 LA PRESSE sait en suspens la grande question : de droit la presse est-elle libre ?
D’autres que nos pères de la Révolution se seraient aveuglément accommodés d’un régime de tolérance, plus supportable que certains régimes prétendus légaux dont leurs fils ont joui. S'ils avaient commis cette faute, ils eussent été d'autant plus excusables, avant la réunion des États généraux, que leurs ennemis, les futurs émigrés, le comte d'Artois, les princes de Condé et de Conti, les dues de Bourbon et d'Enghien, se plaignaient des excès de la tolérance avec une vivacité, avec une rage qui eût pu faire croire à l'existence réelle de la liberté.
« Sire, » écrivaient les princes du sang, en décembre 1788, dans leur fameux Mémoire au roi, « Sire, l'État est en péril... Les écrits qui ont paru » pendant l’assemblée des notables, toutannonce, » tout prouve un système d’insubordination rai» sonnée, et ‘le mépris des lois de l’État. Tout au» teur s'érige en législateur; l’éloquence ou Part » d'écrire, même dépourvu d’études, de connais» sances et d'expériences, semblent des titres suf» fisants pour régler la constitution des empires : » quiconque avance une proposition hardie, qui» conque propose de changer les lois est sûr d’a-