La question du sel pendant la Révolution

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C’est alors que se produit une sérieuse levée de boucliers de la part de la droite de l’Assemblée; de Cazalès répète, à peu de choses près, ses arguments du 13 mars. Mais l'abbé Maury, profitant de l’occasion, prononce un grand discours politique contre Necker. La séance devient houleuse; Maury est rappelé à la question par plusieurs membres, et ‘enfin par le président Rabaud-SaintEtienne. C’est alors que Mirabeau demande à prouver que le président à tort de dire que Maury n’est pas dans la question. L'abbé Maury continue ses attaques contre Necker. Lorsqu'il finit Mirabeau demande la parole. On demande l’ordre du jour. La droite veut entendre Mirabeau ; la gauche n’en veut rien savoir’. Finalement la parole lui est refusée. Que voulait dire Mirabeau ? La question du sel ne semble nullement l'avoir intéressé ? : c’est ce jour la seule fois qu’il voulut prendre la parole à son propos, ou plutôt, il comptait alors attaquer Necker. En tout cas, cela dut être le sentiment de l’Assemblée et expliquerait intégralement son vote en la circonstance.

Jean-Nicolas Démeunier, député du Tiers de Paris, répond à l'abbé Maury, prenant la défense et du projet du Comité des finances et de la personne de Necker.

Beaucoup de députés demandent encore la parole. Mais l’Assemblée, impatientée, vote la clôture de la discussion, adopte l’amendement Viellard, écarte tous les autres par la question préalable et, finalement, vote l’article 4 en les termes suivants :

ART. 4. — « La contribution ordonnée par les articles 2 et 3 sera répartie dans lesdites provinces, selon l’ancienne division du royaume, sur les contribuables, par addition à toutes les impositions réelles et personnelles, tant des villes que des campagnes, et aux droits sur les consommations dans les villes.

« Elle sera, quant aux impositions directes, établie au marc la livre, et perçue en vertu d’un simple émargement en tête des rôles de la présente année; et quant à la portion

! Cf. Journal des Etats Généraux, t. 1x, p. 355.

? Mirabeau avait, cependant, écrit un Mémoire sur Les salines de FrancheComté, lors de sa captivité au fort de Joux en 1775. Travail curieux dont l’idée centrale est donnée par cette phrase : « L’impôt sur les sels a désolé la France. » (Cf. Mémoires. publiées par Lucas de Montigny. Paris, 1834, t. v, p. 322.)