La question du sel pendant la Révolution

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de marchandise et que la situation politique fit souvent négliger cette question.

Nous ne pouvons, dans le cadre de notre travail, étudier à fond la question du sel en Suisse pendant la Révolution française. Nous nous bornerons à publier quelques documents intéressants ou curieux qui la concernent, laissant à d’autres le soin d’approfondir le problème.

C'’estla Correspondance de Barthélemy, conservée aux Archives du Ministère des Affaires Etrangères à Paris, qui fournit de nombreux et utiles renseignements à ce sujet !.

En 1791 déjà, Fribourg avait été le seul canton qui eût reçu de la France toute la fourniture du sel qui lui était due. — A partir du commencement de 1702, peut-être encore plus tôt, les envois de sel en Suisse allaient toujours plus en diminuant *. Nous avons vu plus haut les difficultés que la guerre avait suscitées dans les salines de l'Etat. |

Barthélemy, inquiet de ce retard et de ses conséquences politiques possibles, s'adresse d’abord aux Fermiers généraux. Il leur écrit de Zurich le 11 février 1792 $.

Je ne puis, Messieurs, me dispenser de vous faire connaître l'impression fâcheuse que produit en Suisse la suspension totale des délivrances de sel de France. Le canton de Lucerne est surtout dans une position très inquiétante par le manque absolu de cette denrée de première nécessité ; j'ai été vivement sollicité par cet Etat de m’intéresser en sa faveur pour lui procurer ie plus promptement possible l'expédition de quelques voitures de sel.

Les fermiers généraux lui répondent * sans retard :

Paris, le 23 février 1792. Nous avons reçu la lettre que vous nous avez fait l’hon-

1 J. KAULEK, dans son répertoire si utile des papiers de Barthélemy, n’a presque jamais analysé les pièces relatives à la question du sel. Il y a donc là beaucoup de pièces inédites à trouver.

? D’après (ROLAND). Résultats du eommerce extérieur de la République Francaîse pendant le premier semestre de 1792, l'exportation de sel en Suisse n'avait été pendant ce temps que de 11,070 quintaux 18 livres. (p. 39).

# Affaires étrangères. Papiers de Barthélemy, t. 427. $C 138.

4 Ibid. t. 426. f° 426.