La question du sel pendant la Révolution

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neur de nous écrire de Zurich en date du 11 du présent mois : elle a pour objet principal de nous faire connaître le mécontentement général qu'excite en Suisse la suspension totale des sels de France, et vous voulez bien ajouter que le canton de Lucerne surtout est dans une pénurie absolue de cette denrée et qu’il a employé près de vous les sollicitations les plus instantes pour obtenir quelques livraisons de sels.

Nous prenons la liberté de vous faire observer que la suspension des sels de Lorraine n’a lieu que depuis trois semaines au plus, et par conséquent n’a pu nuire à l’acquit des obligations de 1791, lesquelles, comme vous le verrez par les états qui vous ont été fournis, ont été beaucoup outrepassées.

A l’égard du canton de Lucerne, le tableau de sa situation, mis sous vos yeux, vous démontrera que les plaintes sont au moins exagérées et le voici très fidèle : Il était dû à cet Etat pour 1791 sur son traité d’alliance, porté aux salines de Lorraine, la quantité de 13,625 quintaux ; il en a reçu 10,532. Sur son traité particulier il lui était dû 7,800 quintaux. Il a été complété.

Il est vrai que sur son traité en sel de Franche-Comté il n’a rien reçu, mais il est dans le cas de tous les autres cantons. Le canton de Berne et celui de Fribourg seuls ont reçu l’un des sels de péages que le Ministère a enjoint d’acquitter avec la plus scrupuleuse exactitude et par préférence à toute autre fourniture, l’autre, quelques expéditions inférieures à celui qui lui est dû, et qui lui ont été faites sur les ordres réitérés du Ministre, en faveur de impossibilité où est cette République de se procurer des ressources en sel de Lorraine.

Cet état fâcheux des livraisons de sels du Jura provient de l’affaiblissement des sources de ces salines et de l'énorme accroissement de la consommation intérieure qui absorbe tout le produit de ces usines. Lorsque la loi du mois de juillet qui fixe les quantités à fournir à chaque Département sera en vigueur, nous aurons alors une certaine quantité de sels disponibles destinés à l’acquit des traités et nous n’épargnerons rien pour les faire parvenir à leurs destinations, au surplus nous allons écrire à notre