La question du sel pendant la Révolution

— 156 Le 12 mai Barthélémy se fâche ; il écrit à Dumouriez!.

Si d'ici au commencement de juillet it n’est point venu de sel et si par conséquent nous n'avons point les moyens d’acquitter les pensions accoutumées, je ne balance pas à vous dire, Monsieur, qu’il est beaucoup mieux de retirer toute l'ambassade de Suisse, car assurément les Cantons croiront que c’est un système pris par la France de les tromper et de rompre tous les engagements.

Entre temps Dumouriez avait bien fait une démarche — sans résultat pratique — et le 7 mai il avait écrit à Barthélemy ? :

Le Ministre des contributions publiques m'avait répondu sur l’objet des sels que nous avons à fournir à la Suisse, une lettre qui m’annonçait une prolongation de délai de ce service. Je viens de lui écrire de nouveau est d’une manière très pressante, en l’invitant à prendre les mesures les plus promptes et les plus actives pour faire cesser le retard qu'éprouvent les cantons.

Barthélemy annonce alors le premier échec dû à cette manière de faire, ou plutôt de ne rien faire. Le 29 mai il mande à Dumouriez : « La disette absolue de sels dans laquelle nous laissons les Cantons démocratiques, les portent à demander des secours à la république de Berne ». — On sait qu’alors l’oligarchie qui gouvernait Berne était le centre de résistance contre l'influence Française en Suisse.

La France continuait néanmoins son étrange politique saline vis à vis de la Suisse. Elle était même encouragée en cette voie par un de ses agents, le strasbourgeois Christophe Koch, qui le 8 octobre écrivit de Zurich à Lebrun * :

………. pour mieux faire connaître leur torts aux Suisses. il faudrait suspendre. l'envoi des sels d’alliance pour ne leur fournir dorénavant que ceux du commerce. Le refus des sels d'alliance qui leur sont livrés à Bâle à raison de 4 livres 10 sous le quintal, tandis que les sels de commerce

TKaulek, oct: 1, p.195. ? Papiers de Barthélemy, t. 426, fo 460. * Kaulek, o. c., t. 1, p. 328.