La question du sel pendant la Révolution

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vaut à Cadix que 15 à 16 livres; mais que la qualité en est, outre cela, plus parfaite, il en résulte qu’un armateur à qui il faut 1200 tonneaux de sel de France et qui débourse pour cet approvisionnement 72,000 livres, n'aurait besoin que de 800 tonneaux de sel d’Espagne, qui ne lui nécessiteraient qu’une avance d’environ 16,000 livres; car il faut compter pour peu de chose le transport de ce sel d’'Espagne en France. Nos pêcheurs, en général, mais ceux de Grandville et St-Malo surtout, vont porter dans la Méditerrannée le produit de leur pêche. Ils reviennent sur leur lest au lieu de leur désarmement, ou avec un frêt si modique quant au prix, qu'à peine sont-ils défrayés depuis Marseille ; alors, au lieu d’y charger à vil prix, ou de revenir à vide, ils relâcheraient sur leur passage à Cadix; et ils en rapporteraient, pour ainsi dire, sans frais, le sel nécessaire à leur expédition prochaine). — L'activité des demandes a été telle, que nos marais salants ont pu à peine y suffire. L’'empressement des acheteurs a fait qu’on n’a pas même laissé à la denrée le temps de se perfectionner dans les marais; enfin. le sel de France n’est pas d’une aussi bonne qualité que le sel étranger. ”

Permettez, au moins provisoirement, à nos malheureux pêcheurs de s’approvisionner de sel étranger.

Votre Comité ne vous demande pas l’entrée en France du sel étranger, il demande... l’entrepôt du sel étranger pour être exporté pour la pêche.

PROJET DE DÉCRET

L'Assemblée Nationale, après avoir entendu son ‘Comité d'Agriculture et de Commerce, décrète :

1° Les pêcheurs et négociants du royaume, qui arment pour la pêche de la sardine, de la morue, du hareng et du maquereau, pourront provisoirement s’approvisionner en sel étranger, et en tirer la quantité nécessaire à la salaison du poisson de leur pêche seulement.

2° Pour prévenir tout versement frauduleux dans le royaume des sels étrangers déclarés pour lesdites pêches,