La question du sel pendant la Révolution

Ce projet peut se passer de commentaires, de même que celui d’un anonyme s’adressant en une lettre ouverte à M. de Landine !.

L'auteur qui estime la consommation réelle de la France, à 3 millions de minots de sel par an (300 millions de livres par an), ne voit que deux moyens de remplacer les gabelles : le premier lui paraît plein d’inconvénients, c’est celui de frapper le sel d’un droit d'enlèvement sur les lieux de la fabrication; il considère comme seul possible la création de régies, administrées par les Etats provinciaux, avec uniformité entière dans le prix du sel (4 ou 5 sols la livre au maximum), ainsi que dans le régime de la perception.

A côté de la question du remplacement proprement dit, il y avait le problème s’il fallait conserver un monopole du sel, ou si l’on devait le rendre marchand? Une violente polémique éclata, à ce propos, entre deux personnes.

Mittié, ancien contrôleur et receveur ambulant des domaines royaux de la généralité de Paris, publia une petite brochure ? dans laquelle on lisait : « Ne serait-il pas plus avantageux de planter le « tabac sur notre territoire, que de l’acheter de l'étranger ? Ne se« rait-il pas encore plus profitable pour l’agriculture, de rendre le « sel marchand, puisque dans le compte rendu par M. Necker en « 1781, les grandes gabelles sont reconnues désastreuses, et, dans « le public, comme une invention infernale ».

Un M. de Maisoncelle, « citoyen philalethe », écrivit une brochure pour réfuter cette thèse de M. Mittié. Voici le principal passage de son argumentation * :

Le seul but que je me propose, est de combattre le 3° chapitre du Plan, et de présenter clairement les inconvéniens qui résulteroient de rendre le sel et le tabac de simples objets de commerce.

« Le sel est une denrée de première nécesité.

1 Lettre à M. de Landine, député du Forez, sur les gabelles. Versailles, 28. août 1789, in-8°. (Archives nationales, À D IX, 572.)

? Mrrtié. À l'Assemblée Nalionale. Plan de suppression des fermiers généraux, des receveurs généraux des finances, el avantages inappréciables de rendre le sel et le tabac marchands, ce qui est le vœu des peuples, 1789, chap. HT. (Bibliothèque nationale. Lf 5%/:.)

$ M. DE MAISONCELLE. Observations contre le plan de suppression de deux compagnies de finance, qui a élé présenté à l'Assemblée Nationale, par M. Millie, 1789. (Archives nationales, collection Rondonneau. À D XI, 58. Banques 1789, n°2117.)