La question du sel pendant la Révolution

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Les projets résumés ici n'étaient certainement pas les seuls ; mais on a pu se rendre compte, d’après ce que l’on vient de lire, que toutes les propositions possibles ont été faites, et qu'il était donc inutilés d’en rechercher de nouvelles qui, certainement, faisaient plus ou moins double emploi avec celles que nous connaissons déjà.

Pendant que le pays s’insurgeait contre la gabelle‘ ou, du moins, en discutait l'abolition, les audiences des greniers à sel continuaient comme par le passé.

Ainsi, on peut lire dans le registre des audiences du grenier à sel de Paris, à la date du 22 juin 1789?:

M. Mertrud, président; MM. Le Grand, grenetier Ladainte, contrôleur.

Bercher Pour le Sieur Aussanay, officier porteur de sel, contre procureur [a veuve Chevalard, débitante de sel.

Défaut, et pour le profit condamnons la Veuve Chevalard à payer à la partie de Bercher, 132 livres 12 sols pour 2 minots de sel livrés le 16 et 18 mai dernier par ledit Sieur Aussanay à la dite Veuve Chevalard, avec intérêts et dépens et ce sans avoir égard aux offres réelles faites par la dite Veuve Chevalard, que nous déclarons nulles et insuffisantes.

MERTRUD.

Ce jugement, d’ailleurs, n’est pas maintenu. Les événements. révolutionnaires entre le 22 juin et le 7 septembre y sont-ils pour

1 Ainsi on lit dans PIERRE Bové. Les salines et le sel en Lorraine au XVIIIe siècle. Nancy 1904, p. 63.

«En août 1789 les gardes de la gabelle furent expulsés de la Lorraine et les «marchands trembleurs » accueillis à bras ouverts. On reçoit en abondance le sel de Suisse et d’Alsace. La nouvelle se propage rapidement. Les magasineurs sont contraints de livrer au même prix leur denrée, en échange d’attestations constatant la violence qui leur est faite. La récolte avait été mauvaise. Les. fourrages périssaient. Ce fut le salut des troupeaux. »

? Archives nationales, Z. I. k. 6.