La question du sel pendant la Révolution

Se

abandonnés aux gabellés, la rapporteur préconise la vente du sel par la ferme générale au bénéfice de l'Etat, tout en laissant subsister la concurrence libre. Cette proposition, fort originale et qui a été adoptée dans la suite, doit être connue dans ses détails. Voici ce qu’en dit le rapporteur :

« La Ferme générale est approvisionnée pour deux ans en sel de la meilleure qualité, et de beaucoup préférable pour les salaisons à celui que le commerce nouvellement établi a fourni jusqu’à ce jour. Il faut enjoindre à la Ferme générale de continuer la vente au prix qui serafixé par la concurrence du commerce dans tous les lieux où elle a des greniers ou des débits, J'obliger de pourvoir aux disettes momentanées du sel, et de prévenir le renchérissement subit et trop considérable que les spéculations avides pourraient occasionner, si la sagesse de l’administration n’avait pas un régulateur et un contre-poids à y opposer.

« Ce régulateur, ce contrepoids sont dans la nature des choses. Vous ne pourriez pas empêcher lés fermiers généraux de l’employer à leur profit, et peut-être, si vous négligiez d’y influer, de l'employer avec moins de modération que celle qui vous paraîtra juste et utile de leur prescrire.

« Un commerce ne peut pas être à la fois libre et interdit. S'il est libre, il l’est pour tout le monde; et puisque les fermiers généraux sont en France la compagnie de négociants qui a le plus de sel, et qui en connaît le mieux le commerce, vous ne pourriez pas les empêcher de faire ce commerce pour leur propre compte; mais puisqu'ils ontété mis-en possession‘au nom de l'Etat, vous pouvez et vous devez les obliger à ne le faire que d’une manière avantageuse à l'Etat, limitée dans les profits par la concurrence universelle que vous aurez établie, et propre à prévenir, par des règles paternelles de prudence qu’il dépend de vous de leur imposer, les secousses qui pourraient arriver dans un commerce dont la marche

ne peut encore être assurée.

« En leur confiant cette commission, vous arrêterez tout abus dans des moyens que vous ne pouvez leur enlever. Vous en ferez des officiers de prudence et de bienfaisance; mais cet office aura plus d’une utilité pour l'Etat. Il est impossible qu'avec les moyens d'économie dans les transports qui sont entre les mains des fermiers généraux, la bonté de leurs magasins, la qualité supérieure de leur marchandise, et l'intelligence des hommes accoutumés depuis longtemps à cette manutention, le commerce du sel fait en concurrence