La question du sel pendant la Révolution

foie

. première nécessité, et qui ne pèse point sur la classe indigente du peuple. L'impôt du timbre par exemple pourrait offrir ce remplacement, non pas tel qu'il avait été conçu en 1788, mais avec de grandes et d’utiles modifications. Si mon opinion devenait celle de l’Assemblée, je déposerais au comité des finances mes idées sur cet objet ».

Duport appuie les propositions de Pétion ; après quoi un autre chef de la droite, l’abbé Maury ', prend la parole. Lui, comme Cazalès, s’en prend aux physiocrates (ou plutôt aux économistes, comme on les appelait alors), mais en les attaquant directement. La proposition de Dupont de Nemours « affranchit de l'impôt les banquiers, les capitalistes et les agioteurs » ; il en frappe les cultivateurs. La conséquence en sera l’abandon des campagnes; le prix du blé va monter jusqu’à six sous la livre; ce qui anéantira les manufactures, etc. Finalement l’orateur tout en affirmant ses préférences pour les impôts indirects, prend la défense de l’article 8 du projet. , Après ce discours, auquel ressemblent étonnemment tous les discours prononcés depuis par les défenseurs des intérêts de la grande propriété foncière, la parole est donnée à Gaultier de Biauzat. Celui-ci plaidant en faveur de l'Auvergne, proteste contre l’article 3 qui ferait supporter à sa province une gabelle qu’elle n’a jamais payée.

Le lendemain 14 mars, la discussion du projet de Dupont de Nemours revint à l’ordre du jour.

Le premier orateur inscrit est le comte de la Galissonnière, que nous avons déjà rencontré défenseur des intérêts latifondistes ; aussi se rallie-t-il aux critiques de l'abbé Maury. Finalement il propose un contre-projet sur les gabelles, dont voici le résumé ?: 1° à compter du 1° mars prochain, l'imposition sur le sel sera supprimée, et il deviendra libre et marchand ; 2° pour se procurer des

! Jean-Siffrein Maury, député du Clergé du gouvernement de Peronne.

? Le carton C 37 (310-324) des Archives nationales, renfermant les papiers relatifs aux débats de la Constituante en février et mars 1700,ne contient malheureusement presque rien sur les discussions relatives à la gabelle. On est donc obligé de se contenter des procès-verbaux de l’Assemblée et des renseignements fournis par les Archives parlementaires. Or, on sait combien ces premiers étaient bâclés, et à quel point les seconds, dans leurs débuts, étaient superficiels .