La Révolution française (1789-1815)

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avec le maintien de l’ordre matériel et le respect de la liberté spirituelle, et s'appuyant, pour gouverner, sur les éléments de la nouvelle société, sur les industriels, sur les philosophes et sur les savants, principalement sur la grande école des Physiocrates et des Encyclopédistes.

M. Mignet a certainementeu le sentiment de cette éventualité historique lorsqu'il a écrit, en parlant de Louis XVI:

« Il aurait pu, de cette manière, restaurer son pouvoir, etse garantir des excès d'une révolution, en l'opérant luimême. Si, prenant l'initiative des changements, il avait fixé avec fermeté, mais avec justice, le nouvel ordre des choses ; si, réalisant les vœux de la France, il eût déterminé les droits des citoyens, les attributions des Etats généraux, les limites de la royauté; s’il eût renoncé à l'arbitraire pour lui, à l'inégalité pour Ja noblesse, aux privilèges pour les corps; enfin, s'il eût accompli toutes les réformes qui étaient réclamées par l'opinion, et qui furent exécutées par l'Assemblée constituante, cette résOlution aurait prévenu les funestes dissensions qui éclatèrent plus tard (1). »

Turgot se proposait, en effet, et proposa au roi : SOUS le rapport économique, sans banqueroute, sans augmen/ tation d'impôts, sans emprunt, et seulement en accroissant la production, la richesse nationale, eten diminuant les dépenses de la Cour, en adoptant l'économie et l'égalisation des charges publiques, d'arriver à l'équilibre du . budget et à l'extinction de la dette, par la suppression des corvées, des jurandes et des maïtrises, soit par l'établissement de la liberté du commerce et de l'industrie ; en politique, d'écarter toutes les difficultés provenues de l'arbitraire et du despotisme de l'ancien régime, par l’éta-

4. Histoire de la Révolution française, 1. I.