La Révolution française (1789-1815)
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Mais s’il s'agissait d'une patrie puissante et respectée, il ne s'agissait nullement d'une patrie haineuse et dominatrice. On concevait les intérêts de la haute civilisation, et, en travaillant pour la patrie et par elle, on travaillait aussi pour l'Humanité. Sans doute, la coordination systématique de ces diverses notions n'était pas accomplie, et le Positivisme seul a pu la réaliser. Néanmoins, leur ensemble, insuffisamment coordonné, constituait un grand idéal, qui était celui des natures véritablement supérieures et de celles notamment qui ont accompli les grandes œuvres de la Révolution française.
Aïnsi donc, le but de la Révolution était nettement tracé, sous le poids de tous les antécédents de l’histoire : constituer une France homogène, socialement et. territorialement : éliminer la royauté comme un appareil désormais incapable de diriger la société ; constituer une France suffisamment forte et indépendante pour qu’elle puisse, à l'abri de toute ingérence étrangère, poursuivre son œuvre de régénération, et enfin, et en rendant purement privées les conceptions théolo_ giques, rapprocher tous les hommes par le même idéal : vivre pour la patrie, afin de revivre en elle, en servant les intérêts de la civilisation et de l'Humanité.
Tel est le grand milieu sociologique dans lequel Championnet a développé sa noble existence militaire. Ce n'est pas sa biographie que je viens vous faire : elle a été fort bien faite, spécialement ici. Je veux plutôt en donner la philosophie, c’est-à-dire montrer la liaison de cette belle existence personnelle à l’évolution générale de la France à ce moment-là. {
Ghampionnet est né à Valence le 14 avril 1762, et il est mort à Antibes, à l'hôtel des Aigles-d'Or, le 9 janvier 1800, à moins de trente-huit ans. Il est enterré dans cette ville, au fort Carré ; et la tombe est disposée de manière à ce qu'il regarde les Alpes. C’est là ce qui a inspiré à M. Soleau, maire d'Antibes, et à la municipalité de cette ville la noble pensée d’honorer solennellement cette grande mémoire. Ils ont réalisé ce projet avec autant d'activité que de dévouement, et nous avons été heureux de nous ÿ associer ; nous sommes profondément satisfaits de voir M. Rouvier, ministre des finances, les chefs de notre escadre de la Méditerranée et les officiers supérieurs de notre armée y participer.