La Révolution française (1789-1815)

Pot

Or, il est aisé de concevoir quelles difficultés cette situation pouvait apporter, à l'intérieur, à l'accomplissement de la régénération nationale elle-même, si la passion du moment, l'obéissance aux lois, venait à se ralentir ou à changer d'objet, et, au dehors, à la défense et au maintien de l'intégrité du foyer de la Révolution ; enfin, quelle force disponible elle offrait à la royauté, toujours présente et s'acharnant à reconquérir son ancien ascendant.

Auguste Comte a laissé sur la Constituante un jugement que nous devons en partie rapporter ici, pour compléter ce qui précède :

« Dans le degré initial, dit-il, le besoin de régénération, encore trop vaguement ressenti, semble pouvoir se concilier avec une certaine conservation indéfinie du régime ancien, réduit à ses dispositions les plus fondamentales, et dégagé, autant que possible, de tous les abus secondaires.

« Quoique cette première époque soit communément jugée moins métaphysique que la seconde (celle de la Convention), les illusions politiques y étaient cependant bien plus profondes, d’après une tendance absolue aux combinaisons les plus contradictoires.

« On y élail certainement plus éloigné d'aucune saine appréciation générale de la situation sociale; l'absence de toute doctrine réelle y conduisait davantage à l’intime confusion du gouvernement moral avec le gouverment politique (1); par suite, enfin, un irrationnel esprit réglementaire y obtenait une extension plus arbitraire,

1. Cette condition particulière, si dangereuse pour la liberté et si favorable au despotisme, fut le propre de la rétrogradation accomplie par Robespierre après la mort de Danton. — Voir Le pontificat de Robespierre, par M. J.-B. Foucart, dans la Politique … positive (Revue occidentale); E. Leroux, Paris, 1872-1873.