La Révolution française (1789-1815)

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de gouvernement ; on le voit même aujourd'hui, où cette disposition est demeurée la cause profonde de tous nos déchirements.

L'Assemblée constituante, dont les Girondins n'étaient que les continuateurs et les interprètes fidèles, avait annulé le pouvoir central, le gouvernement, et fait des districts autant de petits Etats, qui tous, au nom de leur autonomie, pouvaient émietter à l'infini l'action nationale quand elle avait besoin de sa plus entière unité et qu'elle devait s'exercer par une dictature énergique au lieu d'une anarchie dissolvante, afin de défendre la France contre l'étranger, la république contre la monarchie, le progrès social contre la rétrogradation cléricale et aristocratique. C'est justement à ce point de vue, comme d’après leurs tendances constantes à opposer les départements à la capitale et à changer le siège du gouvernement en abusant de l'indépendance locale dont nous avons signalé les inconvénients, que l'on doit reprocher aux Girondins une visée fédéraliste qui aurait infailliblement livré la France à la coalition (1).

Les républicains comprenaient ce péril.

Aussi la Convention se divisa-t-elle, dès son début, en deux partis bien distincts : les Montagnards et les Girondins.

Les premiers, surtout inspirés par la députation parisienne, dans laquelle on comptait, entre autres, Danton, Robespierre, Marat, eurent de suite l'instinct, et même quelques-uns la conception de cette situation contradic-

4. Is se trompaient de plus d'un siècle en poursuivant une décentralisation et une division politiques qui, dans l'avenir, seront sans doute l’état normal, mais qui, à ce moment, auraient perdu la France et la République.