La Révolution française et ses détracteurs d'aujourd'hui

LA RÉVOLUTION POLITIQUE 3

de la rabaisser en disant qu’elle a eu le mérite de grouper ces éléments, de les ordonner, d'en tirer un système digne d'attention.

Et, d'autre part, ces idées me semblent séduire un assez grand nombre de jeunes esprits : elles se répandent; elles pénètrent dans l’Université, y dirigent même déjà l’enseignement historique ou philosophique de professeurs de talent; et il y a là, tout de même, un certain péril.

Entendons-nous : un péril, en ce sens que l’on détourne des voies de l'avenir une élite de jeunes hommes qui auraient pu combattre avec nous et qui, des ressources combinées de leurs divers privilèges de naissance ou d'éducation, vont aggraver la résistance de la bourgoisie réactionnaire à l’évolution inévitable. Cette bourgeoisie réactionnaire sera fatalement brisée, je le répète; mais, couvrant ses intérêts d’un système d'idées, capable, aussi bien, de lui faire illusion sur linjustice de sa cause, elle luttera peut-être avec plus d'énergie qu'elle n’en eût montré sans cela ; et les jours où elle périra seront peut-être, à cause de cela, plus sombres que nous ne l’eussions voulu.

Souhaitons qu’ils ne soient pas aussi tragiques que la Révolution française l’a été à cause des nobles, des prêtres, et de la double guerre, étrangère et civile, provoquée par les émigrés et par l'insurrection de l'Eglise réfractaire.

Car je ne souhaite nullement, aï-je besoin de le dire? qu'on revoie chez nous la guerre civile.