La Révolution française et ses détracteurs d'aujourd'hui

4 LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

Malheureux qui la souhaite, ou qui, seulement, en accepterait d’un cœur léger l’éventualité sinistre ! Il n’est pas nécessaire, a priori, qu'il y ait du sang sur les routes par où l'humanité doit passer, — qu’elle doit se frayer plutôt.

Recourir à des moyens de barbarie, au nom d’un idéal de justice, par conséquent de civilisation, c’est même assez tristement contradictoire ! Et je ne parle point des pertes irréparables pour tous qu'a toujours entrainées la guerre civile, souvent plus désastreuse qu'une guerre étrangère pour ces richesses communes à tous, en effet, ou qui peuvent le devenir : les richesses d'art.

Enfin, si nous sommes les ennemis de la guerre, soyons-le de toute guerre.

Mais, je le sais, il est plus facile de maudire la violence que de lui signifier son congé à jamais. Elle n’est pas au bout de son rôle dans le monde, et n’y sera pas de longtemps. Reconnaissons, d’ailleurs, avec tous les historiens républicains de la Révolution française, que la violence populaire y a été plusieurs fois utile : car, ce n’est pas l’action parlementaire, mais l’action populaire, qui d’abord, le 14 juillet 1789, frappa d’épouvante les organisateurs du coup d'État projeté par la Cour; c’est elle, ensuite, qui rendit impossible tout projet de ce genre, en ramenant le roi de Versailles à Paris (6 octobre); elle, enfin, qui trois ans plus tard fit la Révolution démocratique, puis républicaine. N'est-ce pas le 10 août 1792, après la prise des