La Révolution française et ses détracteurs d'aujourd'hui
LA RÉVOLUTION POLITIQUE 5
Tuileries par les Parisiens, que l’Assemblée législative établit le suffrage universel ? Et le premier acte décisif de la Convention ne fut-il pas d’abolir la Royauté et de proclamer la République (21 et 22 septembre)? Or, s’il y eut, pendant la Révolution, une journée sanglante, ce fut celle du 10 août, avec ses cinq mille victimes.
Quant au 2 juin 1793, où une nouvelle insurrection amena la chute de la Gironde, il faut, il me semble, y applaudir aussi. La Gironde a été célébrée par un grand poète, et quantité de belles âmes s’attendrissent encore sur ses malheurs ; Michelet et Quinet, chacun à sa manière, l’ont pleurée ; c’est bien ; mais il faut l'avouer : ce parti d'orateurs et non pas d'hommes d'action, ce parti de « dangereux discoureurs », — n’a pas craint d'écrire Auguste Comte, l’accusant d’avoir voulu décomposer la France « en républiques partielles, au temps même où la plus redoutable agression extérieure exigeait nécessairement la plus intense concentration intérieure » —; ce parti, qui n'était peut-être pas fédéraliste, mais qui passait pour l'être (en dépit de ses protestations), parce que, ayant perdu sa popularité parisienne, il révait d’opposer à la suprématie politique de Paris une sorte de ligue ou de fédération départementale ; ce parti, à qui l'on a, du reste, composé une légende imméritée de clémence, était devenu, au printemps de 1793, par ses luttes avec la Montagne comme avec la Commune, une cause d’affai-