La Révolution française et ses détracteurs d'aujourd'hui

LA RÉVOLUTION POLITIQUE 23

milieu du siècle ; la littérature, qui s’en est imprégnée, l'a développé, répandu ; les « philosophes », qui ont fini par tout soumettre à la critique, y ont, bien entendu, soumis l’idée de monarchie ; puis, ç'a été la querelle des Parlements et de la couronne ; ç’a été l'influence de l'Amérique, — dont le royaliste Mallet du Pan écrivait plus tard, justement : « L’inoculation américaine » (jointe à d’autres causes) avait « infusé l'esprit de républieanisme dans toutes les classes quiraisonnent » (1). Danton, dira, en 4793, à la Convention: « La République était dans les esprits vingt ans au moins avant sa proclamation. »

Et, si le peuple aime tant Louis XVE, c’est qu’on le dit sensible aux misères du peuple; et, s’il est attaché à la royauté, c’est qu'elle lui apparait toujours, malgré Louis XIV et Louis XV, comme la nation personnifiée dans son chef, et non pas comme la tête monstrueuse de l’aristocratie ou comme « le centre des abus », suivant le mot de Taine.

Il suffisait donc que le peuple eût, un jour, la conviction de s’être fait de la royauté une image fausse, pour que son royalisme disparüt, ou füt, au moins, cruellement ébranlé, Or, cette conviction, les événements allaient peu à peu, ou, si vous voulez, très vite, la lui imposer : ils ent même lui montrer dans Louis XVI, non pas seu-

(1) La citation n’est pas absolument textuelle ; mais il n'y a pas un mot qui ne soit de Mallet du Pan.