La Révolution française et ses détracteurs d'aujourd'hui

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lement l'ami, le protecteur des privilégiés, mais un roi traître à sa mission la plus certaine, se dérobant (Pexpression est de M. Aulard) « à son devoir héréditaire de défenseur de l'indépendance française » (1).

Comment la République n’eût-elle pas été acceptée ? Cette république dont, aussi bien, je le répète, le principe se trouvait contenu dans /a Déclaration des Droits.

On a dit que, s’il avait eu du génie ou simplement une véritable intelligence, et s’il n'avait pas été le dévot qu'il était, Louis XVI aurait pu diriger la Révolution, ou mieux, la faire à son profit: car, — je vais encore citer M. Aulard, — « avec le système nouveau et le droit populaire, il pouvait être un roi tout aussi roi, » et même plus, « qu'avec le système ancien et le droit divin ». « L'ancien régime l’annihilait, et, contrarié par les Parlements, par sa cour, par les restes de la féodalité, il n’était qu’un fantôme de roi. Mais quand Turgot lui proposa une réforme générale du royaume, afin de gouverner « comme Dieu même », par des lois, il ne comprit pas. Quand Mirabeau lui conseilla de s’appuyer sur le peuple et la nation, il ne comprit pas. Il ne vit là que des nouveautés inquiétantes… (2) »

Évidemment, il ne comprit rien, et il aurait fallu un autre homme pour se sauver dans cette

(1) Histoire politique de la Révolution française, p. 27. (2) Zbid., p. 115.