La Révolution française et ses détracteurs d'aujourd'hui

LA RÉVOLUTION POLITIQUE 25

tempête en sauvant la royauté. J’oseraime demander, cependant, s’il fut seul coupable de sa chute, je veux dire si la royauté, malgré ce qu’elle avait encore de force apparente, au début de la Révolution, n’était pas à demi condamnée déjà, ayant à peu près rempli son rôle au point de vue national. Assurément, elle ne l’avait pas rempli tout à fait, puisqu'elle n'avait pas achevé l'unité française : en 1789 encore, la France ne semblait exister que par son roi ; elle n’était, en dehors de lui, « qu’une agrégation inconstituée de peuples désunis » (1); mais pourquoi donc, si ce n’est que la royauté, profondément fatiguée, atteinte secrètement jusqu'aux tissus vitaux, était désormais peut-être incapable de terminer l’œuvre commencée par elle depuis des siècles ? La Révolution sut l’accomplir en moins de deux ans! D'un royaume, elle fit réellement une nation. En 1791, l’unité était complète: politique, administrative et morale. Mais c'est là un point où je me propose de revenir et d’insister dans ma quatrième conférence.

Ce que je dois dire ici, c’est que la suppression des provinces, sur laquelle gémissent nos traditionalistes et régionalistes, était indispensable pour la formation définitive de cette patrie dont ils se proclament aussi les adorateurs en istes. Et c'est que, d’ailleurs, celles de ces provinces qui n'étaient pas seulement des expressions géo-

(1) Hisloire générale, publiée sous la direction de Lavisse et Rambaud, t. VIII, chap. 1(E. Champion).

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