La Révolution française et ses détracteurs d'aujourd'hui

LA RÉVOLUTION ET L'ÉGLISE 37

Quel grand fait historique, aussi bien, a jamais été fortuit ? Ou quelle révolution s'est jamais accomplie à l’appel, en quelque sorte, d’une littérature, et d'après elle ? Valura non facit saltus. C’est aussi vrai de la nature humaine et de l'histoire que de la nature proprement dite. Il n’y a pas plus de miracles dans celles-là que dans celleci. Le miracle est un mot. Et quelques livres de philosophes ayant suffi pour susciter une révolution comme la Révolution française, ce serait bien réellement un miracle !

Les sociétés se transforment, sortent les unes des autres, par action prolongée ou par réaction.

Et ce qu'on appelle une révolution, c’est une évolution qui tout à coup « s’emballe » et ne peut pas ne pas s’emballer. Des circonstances extraordinaires ont été la cravache et l’éperon sous les coups desquels l’évolution exaspérée, saignante, a pris le mors aux dents; mais enfin, c’est toujours elle. Et, en particulier, la Révolution française c’est bien l'histoire de France qui tout à coup s'enlève, bondit, et, d’une course prodigieuse, franchiten quelques années l’espace moral, si j'ose dire, de plusieurs siècles.

Dans ma première conférence, je crois l'avoir démontré en me plaçant au point de vue strictement politique. J’essaierai de l’établir aujourd’hui par l’étude, non pas seulement intéressante, mais | passionnante, des rapports de l’Église et de cette Révolution.