La Révolution française et ses détracteurs d'aujourd'hui

38 LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

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Ce fut, du reste, un grand malheur pour elle d'avoir été si Hitionaliste en face de l’Église.

En face de la royauté, aussi, elle le fut trop, d'abord. Jusqu'en 1792, la majorité des Français et de leurs représentants à Paris crurent possible un accord entre le droit populaire et la vieille dynastie du droit divin, dépouillée de ce droit. Ils auraient voulu faire la révolution avec Louis XVI, devenu, de monarque absolu, roi constitutionnel. Or, c’eût été peut-êtreimpossible avec un Louis XVI homme de génie, et du génie le plus souple ; combien l’était-ce avec ce pauvre homme! Et pourtant, ce qu’il y avait encore de fétichisme ou d’idolâtrie monarchique dans cette France de 1789 se débattit contre l'évidence, jusqu’au jour où le peuple de Paris trancha la question par la force.

Avec l’Église il n'aurait pas fallu se tromper. Ilne faut jamais se tromper avec l'Église. C'est une adversaire terrible, et qui l'était bien plus à la fin du dix-huitième siècle’ qu'elle ne peut l'être encore maintenant. Une erreur grave, ce pouvait être et ce fut, en effet, la guerre civile. Et la Révolution dut cette erreur surtout à la tradition galli-

cane de la royauté.

En 1795 seulement, elle fit ce qu’elle aurait dû faire dès 1790 : la séparation de l'Église et de l'État. En 1790, ce qu’elle fit, c'était la pire faute