La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815
90 LA REPRÉSENTATION DES ARISTOCRATIES
est autrement grave, la plupart vivent médiocrement Empêchée de faire commerce et par les mœurs et par les lois (du moins en principe), la noblesse ne peut acquérir de fortune mobilière. Sa fortune immobilière diminue sans cesse. Elle diminue dès sa période d’apogée (x°-x1®-xn siècles), « parce que le droit d’aînesse ne s’est pas constitué intégralement chez elle, et parce que Îles tenanciers héréditaires grevés de redevances fixes se rapprochent constamment de la situation des propriétaires » (1); puis parce que ses plaisirs, ses besoins, la vie de cour l’y contraignent ; tandis que le roturier en acquiert des parcelles et, au prix de tant de difficultés, par des modes si imparfaits qu'il lui devient presque impossible de réunir ces biens morcelés et de reconstituer une grande propriété (2). Ainsi la noblesse qui ne possède pas tous les éléments aristocratiques dont la totalité seule ferait sa force (la richesse lui échappe ; elle n’a plus d'utilité sociale ; le plus grand nombre des ecclésiastiques, dont l'alliance lui conférait le savoir, est rentré dans les rangs
(1) Viollet. Histoire des institutions politiques et administratives de la France, &. IL, p. 42{ et suiv.
(2) V. notamment Tocqueville. Mélanges, p. 25. — « Le changement introduit en France par la Révolution fut... celui-ci : le droit terrien du peuple remplaça celui des nobles. » SumnerMaine. Znstitutions primitives, p. 155. Maïs il est évident qu’en cela aussi on ne saurait faire dater ce changement absolument de 1789,