La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815
2 INTRODUCTION
ou aristocraliques qu'elles distinguaient ou déterminaient dans la nation (1). Mais que cet ordre ou ectte classe aient préalablement disparu, déchoient déjà, ou, après une courte fortune, renoncent et s’abandonnent ; que le gouvernement se dissolve; que le pouvoir législatif, de la Chambre basse où il s'exerce directement, s'élève, et domine, dépouille l'exécutif, — d'où la Chambre haute tirera-t-elle un principe de vie, sinon de cepouvoir législatif où toute la vie nationale s’est concentrée ?
(1) Nous posons, avec Bluntschli, ces principes : « C'est en dehors de l'État que les ordres ont surtout leur assielte. Ils prennent par leur nature même une situation et des intérêts
particuliers et séparés... La classe proprement dite se distingue de l’ordre en ce qu’elle est déterminée pour des raisons politiques et par l'Etat... », (La Politique, trad. de Riedmatten,
Paris, 1879, p. 290, 291.) Et nous comptons avec cet auteur comme éléments aristocratiques, c'est-à-dire de supériorité : a) la naissanee : d’où une aristocratie de famille, une noblesse ; b) la richesse : d'où une aristocratie soit plus particulièrement terriloriale. soit plus proprement mobilière ou capitaliste ; €) les dignités et les fonctions, parmi lesquelles on peut peut-être compter dans l'État moderne le métier des armes que Bluntschli en distingue (p. 387 et suiv.) ; d) la science : d'où une aristocratie de prêtres et de savants ; e) l’âge : d’où une aristocratie d'aldermen et de sénateurs. Distictions toutes théoriques au reste, puisque aucun de ces éléments ne paraitra ni souverain ni même indépendant en France au dix-neuvième siècle, mais essentielles à noter ici, si l'on se refuse, comme nous faisons à ue reconnaitre d’aristocratie que là où il y a hérédité.