La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815
LES ÉTATS GÉNÉRAUX 21 dès qu'il s’agit de la formation des États généraux. Timidement alors, le projet de séparer l’Assemblée en deux Chambres, à l’imitation de celles qui composent le Parlement britannique est avancé par quelques-uns, puis bientôt, vanté avec une grande force, discuté jusque dans les États et dans le Conseil du roi. Est-ce seulement un « mode d'opiner » qui forme l’objet de ces discussions ? Non pas; c’est déjà la Constitution tout entière; c’est, en même temps, la consistance nationale. Il est impossible de limiter une consultation que le roi lui-même a généralisée : « Cette fureur d'États généraux qui nous a pris comme un coup de pistolet, à exalté toutes les têtes... ; mais, vous diront les trois quarts des gens, j'ai lu et approfondi l'Esprit des Loix; j'ai fait mettre des notes sur le Contrat social ; je possède la constitution angloise comme mes fables de La Fontaine... » (1). Surtout cette convocation elle-même est, malgré l’antiquité de l'usage tout à coup restauré, révolutionnaire en quelque sorte par les désaccords, par les contradictions entre l’État ancien et l'État moderne qu’elle révèle; et c’est là l’une des causes majeures de cette fièvre d'idées qu’elle provoque (2).
(1) Je ne suis point de l'avis de tout le monde, brochure anonyme, s. |. 1789, p. 9.
(2) « A l’époque des États généraux, dit Necker, je ne sais si personne avoit encore réfléchi mürement sur les diverses conséquences du rétablissement de cet antique usage au milieu d'un siècle nouveau... On étloit alors séparé par un long inter-