La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815
FORMATION DE LA CHAMBRE DES LORDS 83 quelques conclusions (1), « est le résultat non d’une lente et naturelle décomposition de l’État ou d'une suite de dépossessions subies par un souverain trop faible, mais d'un partage accompli par la volonté et sous le contrôle d’un prince victorieux qui est et qui entend rester le plus fort ». La féodalité — anarchique et dominatrice en France — se réalise, en Angleterre, parcellaire, disséminée, soumise. Le lien personnel, rompu en France, n'a rien perdu de sa force en Angleterre. En second lieu, dans cet État insulaire se développe un sentiment de solidarité séparée. Une conscience nationale confond Saxons et Normands. L’homogénéité du territoire empêche la formation d’un esprit provincial. Autant de différences avee ce qui disloque la France féodale. Menacés dans leurs étroits domaines, soucieux de prendre part au gouvernement, les barons se réunissent, s’organisent contre le pouvoir royal, font appel aux classes moyennnes qui ont le même intérêt à se soustraire à l'oppression du souverain. La grande Charte de 1215, qui est un pacte entre le haut baronage et le roi, allirme cette alliance populaire par les garanties communes qu'elle stipule. En France, au contraire, les seigneurs rivaux oppriment les communes et la popu-
(4) Boutmy. Développement de la constitution et de la société politique en Angleterre…, Paris, 4887. — Esmein : Éléments de droit constitutionnel français et comparé, 4er fasc., 2e édit, Paris, 1899, p. 27 à 66.