La Serbie

La déclaration de Corfou

Balkans créer l'Empire d'Orient pour satisfaire les ambitions funestes du tsar Ferdinand. Avec un tel programme M. Rizoff compte assurer la paix dans les Balkans! Non, M. Rizoff, le jugement est rendu. Le monde civilisé connaît le caractère prussien et les tendances impérialistes de la Bulgarie tout entière, Le monde civilisé a déjà compris que l'existence injuste d’une grande Bulgarie constituerait à jamais un élément de troubles dans les Balkans. Les mensonges et les travestissements ne changeront en mien le cours de l’histoire,

Léon SAVADIIAN, Directeur de l'Agence Balkanique.

Le livre de Rizoff et l'opinion publique allemande

Le livre de Rizoff, dont nous aurons l’occasion de parler plus longuement, semble avoir manqué son effet en Allemagne même. Voici quelques comptes rendus très maigres parus dans les journaux allemands et que nous croyons utile d'enregistrer :

La « Vossische Zeitung » du 3 janvier a reproduit, sur la prière de M. Rizoff, toute l'introduction polilique du livre, dans laquelle le diplomate bulgare expose, en quatre langues, le plan bulgare de partager les territoires serbes, grecs et roumains. Aucun commentaire de la rédaction n’accompagne cette reproduction. Un autre organo allemand äimporlant, le « Berliner Tageblatt » du 11 janvier, s'exprime ainsi sur le livre de M. Rizoïff:

« La publication de Rizoff donne la preuve brillante de Part avec lequel un homme d'Etat bulgare, naturellement du point de vue purement bulgare, construit le passé, le présent et l'avenir des Balkans, Ce n'est pas üci le lieu de discuter l’idéal bulgare de paix. Le moment d'échanger des idées de ce genre n’est pas encore venu, puisque toute déclaration prématurée par les bouches allemandes, faite sans la consultation réelle des facteurs responsables — füût-elle l'approbation ou le rejet du point de vue bulgare — pourr'ait conduire aux disputes stériles el partant aux confusions.. Quel que soit l'avenir, ce livre ne sera pas perdu dans la poussière des bibliothèques et sera recherché par tous ceux qui voudront se renseigner sur la Bulgarie. »

L’organe des pangermanistes, la « Deutsche Tageszeitung » du 12 janvier, a été plus indulgent. Après avoir fait des compliments à Rizoff de son activité, la feuille pangermaniste formule ainsi son jugement: « Ce livre éclaircira considérablement la question dont il s’agit et contribuera À ce que les aspirations nationales de nos fidèles alliés soient réalisées ».

Le bulgarophile connu, le professeur Robert von Mach, a publié dans la « Kôlnische - Zeitung» du 18 janvier un long article sur le livre de Rizoff, et malgré toutes ses sympathies personnelles pour les Bulgares, il n’a pu accepter sans réserves les revendications fantastiques du diplomate bulgare: « Si le problème balkanique ‘se résolvait d’après le plan de M. Rizoff, écrit le professeur Mach, la Bulgarie devien-

drait un Etat puissant et arrondi, Elle

serait assez forte pour dompter à elle

seule ses voisins, s'ils voulaient retomber dans leurs vieilles querelles... Quelle que soit la solution définitive des questions traitées, le livre de Rizoff est capable de donner aux Centraux une idée claire d'une situation en apparence compliquée et de lui faciliter la formation d'un jugement propre ».

La « Frankfurter Zeitung » du 3 mars dit simplement que le programme de Rizoff représente, vu la position de l’auteur, le programme officiel bulgare. Ge jugement condamne d'une façon presque brutale la tentative de Rizoff de donner à sa propagande annexioniste une apparence scientifique. La critique la plus sévère des planis annexionistes bulgares contenus dans le livre de Rizoff est faite par la « Dresdner Volkszeitung », dont nous al'ons reproduire le jugement in extenso dans notre prœ chain numéro, ñ

La comédie électorale magyare

La réforme électorale que l'on discute dans la commüssion parlementaire fournit encore une preuve de ce que les Magyars appellent le droit de l’homme et la démocratie. Il suffit de passer en revue les discours prononcés dans les séances de cette commission pour se convaincre que la Hongrie magyare fait des préparatifs pour étouffer complétement des millions d'hommes de race étrangère.

Dans les discussions de la commission parlementaire, un leitmotiv émerge de tous les discours et c’est celui de la suprématie absolue de la race magyare sur les autres races de la Hongrie. Les orateurs de tous Les partis sont tombés d'accord que le droit de vote ne doit être attribué qu'aux citoyens de la Hongrie dont on a l'assurance qu'ils en useront seulement dans l'intérêt de l'Etat national magyar. Cependant pour tous ces orateurs chaque citoyen hongrois qui n’est pas de race magyare est suspect, aussi la nouvelle Loi du suffrage doit contenir toutes les garanties nécessaires à ce que le rapport des votants magyars et non-magyars soit établi de telle sorte que la majorité soit toujours aux votants magyars. Ajoulons que dans cette commission où l'on discute une loi de la plus grande importance, il n'y a pas un seul représentant des races non magyares. Les Magyars ont donné un siège au député roumain Théodore Mihali, mais celui-ci a refusé le siège offert me voulant’ pas par sa présence sanctionner Piniquité que les maîtres sont en train de perpétrer.

Citons quelques passages, les plus intéressants de la discussion de la commission,

Jules Vargha du parti Tisza, critique lé projet du point de vue national magyar.

« L'augmentation des électeurs magyars dans les rég'ons roumaines ne veut pas dire que le magyarisme sera protégé dans les régions roumaines, En Transylvanie, grâce au grand nombre des illettrés, il y à peu de Roumains qui soient électeurs, maïs le danger deviendra très grave lorsque

l'analphabétisme disparaîtra. L'extension du droët électoral entraîne fatalement la réorganisation de l'administration des Communes et des départements, Un préfet d arrondissement où de département qui serait de mationalité valaque (péjoratif de Roumaün que les Magyars emploient couramment) se compartera-t-il envers les Magyars de la même façon que les préfets magyars actuels ?

Nous devons croire qu'il n'y a dans ce pays qu'une culture justifiée et c'est la culture magyare. »

Navay, ancien président du Parlement a également en vue la suprématie magyare mais il croit contrecarrer le mieux la force naissante des races non magyares par une centralisation puissante de l'administration (« Budapesti Hirlap», 13. Il.)

Eugène Balogh, ancien ministre de la justice est du même avis, mais il croit amonidrir l'influence des éléments suspects par une loi plus sévère contre les agilations nationalistes.

‘14, Il.)

Le idéputé Pal constate que toute La commission est d'accord sur ce point qu'il convient de ne jamais perdre de vue le caractère magyar de notre Etat national et le rôle dirigeant des intellectuels magyars. (« Budapesti Hirlap» 15, IL.)

Enfin, le comte Tisza à couronné ces dissertations magyares. Il à dit: «Quant au point de vue national, le fait que le nombre des électeurs magyars se soit élevé de 61.2 pour cent à 61.6 pour cent ne le console pas, Ge nombre est basé sur le nombre de ceux qui savent lire et écrire, mais cette proportion peul en: très peu die lemps se modifier au détriment des Magyars, Dans les six départements les plus exposés à l'influence roumaine sur 287.000 adultes roumains, il y a 210.000 illettrés: ume grande partie cependant pourra apprendre à lire et à écrire et dès lors prendra fin la suprématie des Mag yars...» Q AZ Ujsag », 16. LD).

Ce que dans tout autre pays un ancien ministre considérerait comme une honte, en Hongrie on s’en réjouit et on le considère comme un facbeur de l'existence de l’étatisme magyar. Le comte Tisza et les autres ont peur que les analphabètes puissent devenir une fois des lettrés!.….

Ce que dans tout autre pays du monde un ancien ministre considérerait comme une honte est une réjouissance et un facteur de l'existence de l’étatisme magyar. Le comte Tisza et les autres ont peur que les analphabètes puissent devenir une fois des lettrés!..….

Il faut enregistrer aussi l’aggravation sensible des dispositions de la loi pénale sur les agitations, lèse-majesté et infidélité. Les Magyars, s'ils étendent une fois Le droit de vote, prendront soin exclure toute volonté qui ne serait pas conforme à l'intérêt de la race régnante.

Au lieu de bâtir de nouvelles écoles pour élever le peuple au plus haut degré de civilisation, les Magyars bâliront de nouvelles prisons qui garantiront müeux l’existence de l'Etat unique et national magyar. Il est certain que cela ne constituera pas un gage pour la paix durable de l'avenir.

LP.

( Budapest Hirlap®

Samedi 9 Mars 1918 No 10

PAR MICHEL POUPINE

IT

Les Alliés sont prêts à faire les plus grands sacrifices pour que notre question nationale soit réglée à souhait ;car ils la considèrent comme une grande question internationale, Serait-il donc permis de croire que les Alliés, après tant de sacrifices, laisseraient ® aux Yougoslaves seuls le soin de créer un Etat yougoslave comme cela leur plairait, et cela surtout quand ils ont encore sous les yeux lanarchie russe? Qui peut garantir aux Alliés que nous autres Yougoslaves soyons plus habiles et plus capables que les Russes de diriger de suite et indépendamment des Alliés notre destinée, si, par exemple, notre Constituante se met à rompre tous les liens avec les traditions historiques en introdisant dans l'Etat yougoslave la forme du gouvernement républicain. Les Russes avaient promptement rompu tous les liens de la tradition et se sont précipités dun bond de labsolutisme à la liberté républicaine, et comme ils métaïent ni préparés ni capables de la forme la plus difficile du gouvernement, nous les voyons aller à la dérive et, si Dieu ne les sauve pas, nous les verrons bientôt enchaînés par l'absolutisme allemand, qui les ultilisera en esclaves aveugles pour sa lutte contre la liberté du monde entier.

La Déclaration de Corfou nous donne des garanties suffisantes quie l'Etat yougoslave sera préservé contre une pareille préci pitation, car la Déclaration de Corfou dit en toute franchise que notre Etat yougoslave sera un Royaume des Serbes, Croates et Slovènes dans lequel toutes les parties du peuple yougoslave seraient égales en droit, qu'elles jouiront de cette même égalité qui est traditionnelle dans le Royaume de Serbie et qui est symbolisée par le règne du roi Pierre. Cest cette égalité qui a créé l'esprit d’héroiques sacrifices du peuple serbe de Serbie, que le monde entier admire et par lequel la démocratie serbe a fait preuve de sa valeur. La Déclaration de Corfou, approuvée par le gouvernement royal du peuple serbe, ami fidèle des Alliés et patriote démocratique sans égal, est une des plus sûres garanties pour les Alliés que le nouvel Etat yougoslave saura toujours, Sous le règne sage de la dynastie populaire serbe ,répondre à son grand devoir que les Alliés lui auront confié, à savoir le devoir de se faire le rempart contre l’invasion teutonne en Orient. Les Alliés créeront un tel Etat yougoslave et ils feront tous les sacrifices nécessairés pour lui mais ils ne voudraient jamais d’une Constiluante qui se perdrait, à l'instar des soviets russes, dans des discours infinis sur les questions accessoires et plus où moins vides de sens pendant ces temps orageux, C’est pour cela que je ne suis pas d'accord avec les interprétations qu'on fait de la Déclaration de Corfou en disant que la Constituante aura à résoudre toutes les questions, y compris celle de la monarchie ou de la république. Ces interprétations sont nées dans la tête de celui qui les a exprimées le premier, mais jamais

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FEUILLETON

TOMBÉS AU CHAMP D'HONNEUR

Les pertes serbes en artistes, savants et hommes de lettres

L — ARTS ET LETTRES

(Suite)

Vlaido Gatchinovitch, étudiant, poète, homme de lettres, corlaborateur aux «Narod », « Bossanska Vila », « Otazbina », volontaire (1917);

Nocolas Damitchitch, instituteur, narrateur, collaborateur aux « Bossauska Vila » et « Srpskè Novinè », capitaine d'infanterie (1917);

collaborateur au

Zivanovitch, étudiant, « Narod », volontaire (1914);

Yovan

Nemagna Ilitchitch, artiste au Théâtre National de : Belgrade, sergent-aspirant (1915); Borivoyé Jeftitch, étudiant, poète, collaborateur à

la « Bossanska Vila » (1914),

Branko Yeftitch, peintre, lieutenani d'infanterie (1916); étudiant, poète, collaborateur aux « Srpski Knizevni Glasnik » et « Délo », volon-

Proka Yovkitch

taire (41915);

Tsviéto Yob, peintre, volontaire (1915); : poète, collaborateur au

Louka Youkitch, étudiant, É « Val »; Yam Youn, sculpteur, volontaire (1914);

P étar Kotchitch, député, homme de lettres (1916); Milan Loukovitch, étudiant, poète, collaborateur au « Srpski Knizevni Glasnik », Sergent-aspirant

(1914);

Bora Mladénovitch, instituteur, collaborateur aux L « Ouitchitel » et « Outchitelska Borba » (1915); Voislav Marcovitch, sous-lieutenant, collaborateur

au « Délo » (1913);

Radoslav Mititch,

Lazare Michkovitch:;

terie (1915);

laborateur

(1914);

terie (1915);

« Srpski

terie (1915),

professeur, « Srpski Kmizevni Glasnik » (1917);

P « Outchitelj » (1915): Dragoutine Mràz, étudiant, poète, collaborateur à la « Bossanska' Vila », vorontaire (1915); Miloune Ivkovitch, instituteur, collaborateur à la « Nacha Narodna Chkola », lieutenant d’infan-

Sava Radovanovitch, poèle, collaborateur au « Délo», sous-lieutenant d'infanterie (1913); $ Bozidar Radoïtchitch. instituteur, colaborateur aux « Naché Narodné Skolé », lieutenant d’infan-

Bramko Radoulovitch, peintre (1915);

Velimir Raiïtch, professeur, poète, collaborateur au

| izevni Glasnik » (1915);

Nicolas Slankamenats, artiste au Théâtre National de Belgrade, lieutenant d'infanterie (1916);

Voislav Stamichitch, professeur, collaborateur au « Srpski Knizevni Glasnik », lieutenant d’infan-

Vladimir Tassitch, artiste au Théâtre National de Belgrade, sous-lieutenant d'infanterie (1913);

collaborateur au

instituteur, collaborateur à

p

Voislav

Srpski Knizevni Glasnik »,

Tch olakovitch, colonel, | teur à l'« Ouzd'anitsa » (1916); Franya Cheste, compositeur, sous-lieutenant (1916);

4:

ve

Lazare Dyourtchinovitch, instituteur, collaborateur aux « Naché Skolé », capitaine dinfanr terie (1915);

Dr. Miloutine Ouskokovitch, romancier, coilaborateur aux « Srpski Knizevni Glasnik» et « Délo » (1915);

Joseph Tsvétanovitch, professeur, collaborateur au « Hristianski

| l rie (1917);

Victor Pavlovitch, professeur, critique littéraire, col-

au ! « sous-lieutenant d'infanterie (1914);

Vladislav Petkovitch-Dis, poète, collaborateur aux « Délo », « Nova Iskra », « Zvezda » (1917);

Ouroche Pétrovitch, professeur à l'Université de Belgrade, critique littéraire, collaborateur au « Srpski Knizevni Glasnik » (1915);

Milan Porobitch, poète, journaliste, collaborateur aux « Zvezda », « Délo », serg nt-aspirant (1914);

Stevan Radacovitch, compositeur, sergent- aspirant

Vesnik », lieutenant d’infante-

poète, collabora-

II — SCIENCES

Milan Vanlitch, professeur de philosophie, co:labora-

teu rau « Srpski Knizevni Glasnik », sergent.. aspirant (1914);

Radoïé Dédinats, professeur, collaborateur au « Gla8

Akadémié | (1913);

Goïko D; aïa, professeur d'histoire, dollaborateur au

| | Délo », capitaine d'infanterie (1915);

Dr.Y.Djonlitch, secrétaire au Ministère des Finances collaborateur

Naouka », lieutenant d’infanterie

à | « Economiste », lieutenant

infanterie (1914);

Dr.

Commandant L y ou bomi r Georgévitch, collaboraæ

De L teur au « Ratnik » (1912); :

r.Guéras Sime Ivézitch, collaborateur aux « Srpski

Knizevni

. pitaine (1915); Thomas Léko

l « Arhiv »,

Dr. Yovan Lontcharitch

bre d'Industrie,

miste » et « Délo » (1916);

Glasnik », « Prégled », « Arhiv », £a

anatomiste, collaborateur à Capitaine de santé (1915);

, Secrétaire de la Cham collaborateur à l « *

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