La Serbie

voulaient du sang et des conquêtes, l'écrasement.de la nation serbe comme les Allemands voulaient en 1914 l'écrasement de la noble patrie belge, l’écrasement de la France glorieuse el immortelle.

« Mais le monde civilisé, la France en tête, est debout. Le martyr serbe ét ‘le martyr belge n'auront pas 66 vains. Sur

LA SERBIE

les cendres des villes incendiées, sur les

jassements des innocentes victimes, demain,

passera le char de la liberté, La Belgique et la Serbie auront écrit les plus belles pages de lhistoïre des peuples. » Léon SAVADJIAN,

Directeur de l'Agence Balkanique.

À propos des (Annales des Nationalités »

Nous avons parlé déjà du centre bulgare de Lausanne qui travaille avec M. Jean Gabrys et ses « Annales des nalicnalités » et qui est appuyé indirectement par un. Français, M. Charles Rivet, Deux informations intéressantes concernant M. Rivet et ses rapports avec les « Annales » ont été publiées par le « Genevois ». Nous tenons à les reproduire, Dans le numéro du 21 août le « Genevois » publiait la. correspondance suivante:

« Nous sommes surpris de lire dans le dernier numéro de la revue: « Les Annales des nalionalités », un arlicle de M. Ischirkoff, Bulgare, intitulé: « Le dernier mot bulgare », dans lequel «esË injustement pris à partie M. le Dr N. P. Comnène, le courageux auteur du récent el remarquable cuvrage: « La Dobrogea ». Le ton injurieux et discourtois de cet article,

les assertions calomnieuses et perfides, les insinuations indélicates, les accusa:-

lions dénuées de tout fondement que M. Ischirkoff adresse à M. Comnène sont, à notre sens, peu digne de la sérénité scientifique let de la bonne tenue d’une revue sérieuse, Il est inexact que M. Comnène ait falsifié des chiffres de statistique; on pourrail.,sur ce point tout notamment, relever le gant en défaveur des Bulgares. En outre, M. Ischirkoff pense induire facilement le lecteur en erreur en attribuant à l’éminent historien M. Alexandre de Stroudza exactement le contraire de ce que cet écrivain si connu a maintes fois soutenu dans lous ses ouvrages, c'est-à-dire: l’absolue différence de

race du Roumain et du Bulgare, l’autoch-:

tonie du Roumain dans les Carpathes et sur le Danube, l’hétérogénéité du Bulgare venu en intrus et en envahisseur, le caractère absolument roumain de la Dobrogea à tous les points de vue, etc. Nous avons vérilié nous-mêmes les textes de M. de Strourdza el nous pouvons affirmer qu'il est parfaitement d'accord avec M. Comnène (et absolument con‘traire à la thèse bulgare. Enfin, nous devons constater à regrel que ladite revue donne le dernier mot au Bulgare qui a tort contre Je Roumain qui a raison et que depuis plusieurs mois ladite revue « Les Annales des nationalités » n’est remplie que d'articles et d’annonces en faveur des Bulgares et de leurs faits et gestes. à Nous sommes sûrs que la bonne foi de M. Rivet, rédacteur en chef a été Surprise. Caveant consules!

Un citoyen genevois.

A celte lettre M. Charles Rivet a donné la réponse suivante, publiée dans le & Genevois » du 24 août:

« Laissez-moi répondre à une note intempestive parue dans votre estimé journal et qui me miel en cause.

J'ai accepté la rédaction en chef des

des motifs auxquels je ne croïs pas devoir

donner la publicité d’un journal. Je ne

peux pas même les exposer à l’auteur du plaidoyer pour M. Comnène, attendu que je suis à ignorer l'identité de celui qui se cache si prudemmient sous la signature pour le moins inattendu de: « Un citoyen genevois ».

Qu'il lui suffise donc de savoir que je n'ai aucun droit sur les annonces de Ja « Revue » et ne puis, par conséquent, en assumer la responsabilité; qu'en second lieu les « Annales » ont publié suffisamment d'articles, de réponses de M. Comnène pour que leur directeur et propriétaire ait cru pouvoir insérer une réponse bulgare dans un des numéros publiés pendant une de mes absences de Genève; que cette réponse est d'ailleurs précédée de la remarque suivante : |

« Fidèles aux principes die cette maison,

nous avons sur la question de la Dobroudja successivement donné la parole à tous les intéressés qui ont bien voulu la prendre. La question nous semble maintenant suffisamment éclaircie, aussi clôlurons-nous la discussion, etc... » " Bien mieux, faligué, moi-même de ces querelles locales, d'esprit si étroit, alors que tant de grandes questions doivent ou vont se solutionner dans un esprit européen, j'ai écrit un article dans le numéro actuellement sous presse où je mets un point final à des débats stériles auxquels manquent l'élément principal: un désir de conciliation.

Dans un ordre plus général, je maintiens, dans les limites de mon pouvoir, l'organe auquel j'ai accordé ma collaboration, dans des idées nettement el ouvertement favorables à ma patrie et à ses alliés. Ge fut là mon rôle et mon but aux « Annales ». Le « citoyen genevois » si chatouilleux pour les questions balkaniques, aurait pu s’en apercevoir.

Charles Rivet, »

La rédaction du « Genevois » a fait suivre la léttre de M. Rivet de la remarqua suivante :

« Notre excellent confrère, M. Ch. Rivet, wa été l’objet d'aucun semblant de reproche dans nos colonnes. Le fait même que notre rédacteur en chef a donné, il ÿ a quelque lemps, un article à sa revue sur «la paix de Bucarest», article entièrement favorable à la Roumanie et inséré sans la moindre coupure, suffit à l’'assurer des- sentiments du « Genevois » et à répondre de sa propre impartialité. (Mais le jeu bulgare a été si odieux au cours dé celte guerre, et les Alliés ont été si aisément roulés — qu’on nous laisse passer le mot — par le Cabinet de Sofia, qu'il est compréhensible qu'un de nos amis (el des meilleurs et des plus francs ententophiles) marque quelque étonnement que la Bulgarie puisse encore avoir une presse disposée à entendre ses hypocrites plaidoyers — même en Suisse.

nel le plus amical, la mise au point _de M. Ch, Rivet, mais nous protestons qu'on puisse insinuer quoi que Ce Soit contre notre correspondant qui a signé: « Un Ci loyen genevois » et qui, en effet, a tous les droits, par Son nom, par SON activité

publique, de reprendre la qualif ication dont.

aimait se parer Jean-Jacques Rousseau. »

*

En publiant ces lettres, nous voulons constater d'abord que la rédaction des « Annales » a reproduit récemment un article de « La Serbie» sans indiquer la soürce, voulant évidemment montrer qu’elle laisse la parole aussi aux Serbes, Mais lés Serbes n’ont nullement envie de travailler à une revue qui. expose les théories bulgares, et nous. prolestons contre l'emploi abusif de nos articles. Quant à M. Chäârles Rivet, sa déclaration dans le « Genevois » nous stupéfait. Il demande d'introduire dans la discussion comme élément principal la réconciliation! Au moment où les Bulgares s'appliquent à exterminer les Serbes, le conseil de M Rivet est d'abandonner notre point de vue « étroit » et de chercher des solutions dans un esprit « européen », nous paraîl Lellement extraordinaire que nous avons peine à le comprendre, On voit que l'atmosphère de la villa « Messidor » à Lausanñe influe défavcrablement sur les idées générales de M. Rivet, Un changement d'air serait ici tout indiqué.

R.

La politique nationale bulgare

Les Bulgares font publier, depuis loccupalion, à Nich, un journal bulgare inti-

tulé « Le Moravski Glas », dont le programme consiste simplement à transformer

Ja population serbe en population bul-

gare. Il est vrai que ce travail est un peu dur et les Bulgares ne peuvent pas se

vanter d’avoir obtenu de grands résultals. Après avoir commencé avec l’épu-

ration de tous les éléments qui ne paraissaient pas disposés à se plier aux exigences de l’envahisseur, les Bulgares se sont mis à appliquer aussi les moyens « culturels » pour gagner la population à la cause bulgare, Ces moyens se révélèrent cependant inefficaces et {qui sait si les auto rités bulgares ne se décideront pas à recommencer les massacres, les internements et les déporlations, «pour comme M. Micheff s'est exprimé si élégammient dans son dernier livre « la population serbe des tentations de résister aux Bulgares ». Le « Moravski Glas » a fourni ces derniers temps quelques indications intéressantes sur les méthodes bulgares appliquées à la population serbe. Dans son numéro du 26 juillet, il écrit: « Pourquoi les Serbes et les Genevois protestent-ils ? Est-ce parce que nous tâchons de mettre la vie de la population dans la région de la Morava en accord avec le bulgarisme? Est-ce parce que nous avons ouvert les

écoles bulgares et introduit partout la lan- :

gue bulgare? Mais c'est simplement ridicule, Nous serions indignes des sacrifices faits pendant la guerre si nous ignorions notre devoir le plus sacré d'imposer el d'introduire dans la région de Morava toutes les institutions qui existent dans la métropole bulgare. Nous praliquons une

préserver; -

mettre en accord avec les succès militaires obtenus, »

Dams le même journal bulgare, du 8 juillet dernier, le commandant -militaire de la Serbie occupée, le général Néresoff, en quittant ses fonctions, a lancé à la population un ordre où il disait ceci: « De même que tous les fonctionnaires et les militaires de lous les grades m’ont aidé dans mes fonctions, j'espère que le nouveau gouverneur militaire, le général Guécheff, pourra compter avec l’appui sincère de tous dans sa tâche principale de gagner définitivement la population de la Morava à la cause bulgare. »

Il semble cependant, comme nous l'avons fait remarquer ci-dessus, que les résultats obtenus par les autorités bulgares dans

.leur œuvre de dénationalisation ne soïent

pas trop satisfaisants. On peut en juger d'après un arrêt du cpmmandement milifaire en Serbie occupée, publié dans le numéro du 27 juillet dernier du « Moravski! Glas » el disant que jusqu'à nouvel avis les internés serbes originaires de la région de Morava el se trouvant en Bulgarie ne pourront plus obtenir de congé pour aller voir les leurs en Serbie. Ce congé c'était le moyen de pression pour obliger des Serbes à se dire Bulgares, En le supprimant, même provisoirement, les Bulgares reconnaissent la faillite de leur politique ridicule qui consiste à vouloir faire passer des Serbes pour Bulgares.

Le maniteste de paix du tsar Nicolas Il — Le 24 août 1898 —

La mort tragique du tsar Nicolas If, nous a rappelé la semaine passée, le vingtième anniversaire de son manifeste de paix. Guidé par des sentiments d’une humanité supérieure, l’empereurrusse conviait toutes les puissances, grandes et petites, à se réunir à une conférence de paix qui rechercherait, par une entente libre, les meilleurs moyens de mettre terme aux armements et d'assurer ainsi. la paix au monde. Prophétie extraordinaire, le tsar disait dans son manifeste que la méthode qui consistait à maintenir la paix par les armements incessants conduirait un jour inévitablement au conflit et il proposait l'institution de l'arbitrage obligatoire.

On sait ce qui est arrivé à La Haye. L'Allemagne et l’Autriche-Hongrie ont re-

|fusé d'accepter le principe d'arbitrage

obligatoire et la pensée généreuse du tsar Nicolas n’a pas eu de résultats pratiques. En 1914, invitées par la Serbie et la Russie à soumettre le différend à l'arbitrage, les deux puissances germaniques refusèrent net. Et les Allemands ont encore aujourd'hui le courage de représenter le tsar Nicolas comme belliqueux et le kaiser

« Annales des Nalionalilés », guidé par

raissaient sous les murs de Belgrade chaque fois qu'elle be proposait d'exercer une pression politique sur 1x Serbie, Désormais les bateaux de guerre autrichiens pourraient naviguer librement sur le Danube en vertu d'un traité.

On peut affirmer sans exagéralion, Messieurs, que par la volonté de la monarchie austro-hongroïse, qui à travers les siècles a pesé tout le poïds de ses intérêts sur Îles Balkans, la question du Danube a toujours: été. écartéd de propos délibéré sans avoir jamaüs-été solutionné d’une façon équitable. !

Bien que le Danube soit le plus {grand flduve de; l'Europe, la règlementation de sa navigation a élé envisagée pour la première fois seulement ‘un demi-siècle après celle du Rhin. L’Autriche-Hongrie a toujours réussià empêcher les relations des petits pays balkaniques avec l'Occident par le Danube, mais quand cette) queslion était soumise à l'arbitrage de l'Europe lAutricha êst toujours parvenue ‘à faire resoudre les conflits à son profit. d

Messieurs, le moment est venu de consacrer l'athention la plus complète à la solution de la questionf du Danube, dont l'importance in ternaltionale lest énorme, De tous temps le Danube a joué un des principaux rôles au point de vue stratégique, économique el politique. L’Autriche dl a bien compri et a préparé méthodiquement la réalisalion de $es ‘visées. C’est pourquoi elle a tout fail au cours du (siècle passé pour avoir la prépondérance sur le Da nube. Je ne citerai que quelques exemples, Poussée par le vif désir de conquérir économiquement les Balkans, VAutriche-Hongrie comme Javantgarde de l'Allemagne dans

Nous acceptons, dans l'esprit confrater-

Fon &« Drang nach Osten » a d'une part aidé par des subventions particulières sa société de navigation danubienne et d'autre part accumulé des obstacles pour empêcher d'abord la fondation, ensuite le fonclionnement ‘de toutes les sociétés de navigation des autres Etaks'riverains, Elle était forcée d'agir ainsi, car depuis qui ces sociétés sont formées, le prix du tonnage a baissé considérablement, par suile de la concurrence. Juste, sur la rive ‘serbe le prix du tonnage a élé réduit à un cimquième de ce qu'il était lorsque la société àäutrichienne en assurait

seule le service. he | (A suivre.)

Des mœurs bulgares

Le «Matin» du 6 août publie le fait suivant: ;

«On. signalail ici dernièrement (&S mœurs singulières des hauts fonctionnaires bulgares. N'est-ce pas le ‘cas de rappeler ‘une anecdote qui tenderait à prouver que de pareilles mœurs sont, en, quelque sorte, une tradition nationale ?

I1-y a quelques années, un Français, de passage à Sofia, s'était rendu à une réception du prince Ferdinand. Ayant, au cours dd la soirée, lié conversation avec (un personnage ‘chamarré da déccrations, et d'ailleurs fort aimable, il me fut pas peu surpris de constater, quand celui-ci l'eut quitté, que sa montre avait disparu.

Ile mit aussitôt en quête du préfet de police, à qui il conih

sa, mésaven{ure. ’ — Pouvez-vous m'indiquer la perSonne que vous soupçonnez ? dit le préfet. Fan ,

La Français désigna l'homme aux, décoralions.

politique nationale el nous devons la

Guillaume comme — pacifiste !

— Diantrel fit l'autre. C'est le ministre de la justice

— Peu m'importe! Je veux ma montre, sinon je ferai un esclanidre; je dirai tout au prince. f k

— Aïtendez toujours; je vais essayer de vous la faire retrouver.

Au bout de quelques instants, le préfet revint et remit ‘disdrè{lement la miontre au Français. | }

— Il m'a pas fait trop de difficultés? demanida celui-ci.

Et la préfet de répondre; le plus simplement du monde:

— [one S'en est pas aperçu. |

Dans le « Malin » du 12 aoûl, M. Louis Forest raconte l'anecdote suivante :

Cerlains lobservatoires possèdent des sismographes, appareils qui relèvent - les tremblements de terre à des milliers de kilomètres! de distance. On ne connaît pas de sismographe pour la politique étrangère. 41 est cependant possible de remplacer cet outil par quelques remarques-types révélant à grande distance es phénomèncs internes qui échappent souvent à l'observation directe!

Ainsi, lorsque les événements arrivent à un grand tournant Ce l'histoire, on entend reparler du Bulgare qui essaye par en-dessous ce faire ‘un, travail de taupe. L'heure est (donc venue de sel rappeler: ce. qu'est le Bulgare. Une petite histoire bien connue en Orient doit nous servir de ‘directive. ; É

«Un jour le bon Dieu dit au Bulgare: Je vais faire quelque chose pour loi. Demande-moi ce que tu veux. Tu l'auras Mais je pose ‘ue condition: ton voisin recevra le /double,» ‘Sans prendre même le lemps de réfléchir le Bulgard répondit: « Arrachemi un, œil...» : ; "a

Cette pelile histoire vaut un volume de considérations politiques.

Société Genevoise d'Editions et d'Impressions. — Genève